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Taormine (Yves Ravey)

note: 4La Sicile est merveilleuse.... mais ! Danny - 31 décembre 2022

Un couple, adultère, au bord de la rupture, essaie de se rabibocher lors de brèves vacances en Sicile. Arrivés à Catane, ils louent une voiture à l’aéroport. Leur objectif est Taormine, ville enchanteresse.Ils partent donc sur les paroles de la loueuse de voiture: «La Sicile est un pays magnifique qui réserve des surprises...»
Voulant voir la mer très vite, à la tombée de la nuit, ils prennent un sentier de terre et s'avancent mais ils heurtent quelque chose dans le noir, quelque chose de gros. Très gros. Ils ne s'arrêtent point. La voiture est accidentée, elle doit être réparée. Oui, mais …. discrètement, « au noir».... Pas de problèmes: ils trouvent quelqu'un « d’accommodant» qui travaillera «au black». Le tout sur fond de disputes permanentes où, l'un et l'autre révèlent leur égoïsme, leur lâcheté, leur indifférence.
Commence une descente aux enfers où ce couple va passer de mains en mains, de copains en copains, qui vont «réparer» mais qui à chaque étape ne font rien mais demandent de l'argent. Et il n'est pas question de négocier ou refuser. Et les 2 touristes s'enfoncent de plus en plus. Ils sont la proie rêvée, pressurée, ne voulant qu'une chose, retourner vite, vite en France. Mais «la Sicile est un pays magnifique qui réserve des surprises»
Une intrigue brutale et ciselée qu'on suit avec une horreur suffocante, jusqu'à la fin.... que je vous laisse découvrir.

Partie italienne (Antoine Choplin)

note: 4La partie continue ! Danny - 31 décembre 2022

Antoine Choplin signe ici un gentil petit (168 pages) roman, bien écrit, poétique grave et léger en même temps dont l’histoire semble toute simple. Gaspar, artiste en pleine consécration part pour quelques jours à Rome, officiellement pour préparer une conférence, mais plus certainement pour prendre du recul face à sa notoriété soudaine et à son attachée de presse envahissante. Il travaille peu, visite la ville sans conviction et surtout joue aux échecs avec des inconnus sur la terrasse d’un restaurant du Campo dei Fiori, sous le regard amusé d’un marchand de fruit complice et celui, plus sévère, de la statue du moine Giordano Bruno, brûlé vif sur cette place au début du XVIIe. Les parties, toutes gagnées s’enchaînent sans grand intérêt pour Gaspar, jusqu’à l’arrivée de Marya, belle œnologue hongroise de passage à Rome, qui le défie à son tour, le bat plusieurs fois, éveillant plus que de l’intérêt. Commence alors entre les deux une belle histoire romantique et douce, faite de longues promenades à travers Rome, de discussions sans fin sur les places ou dans les parcs et accessoirement de folles nuits dans leurs hôtels réciproques.
Itinérance toujours sous le signe des échecs qui les mènera même jusque dans les Abruzzes à la rencontre d’un vieil ermite qui relie Marya à son histoire familiale et à la mort à Auschwitz de son grand-père, grand maître des échecs.
Le rappel d’un passé plus sombre, à la fois par l’évocation récurrente du moine Giordano Bruno, victime de l’inquisition et par celle du grand-père de Marya victime du nazisme permet toute une réflexion sur la mémoire et vient donner de la gravité à cette histoire qui aurait pu n’être que légère. La rencontre de Marya et de Gaspar est brève, intense et nonchalante et nous prenons plaisir à les suivre sur les quelques jours de leur histoire, puis... chacun rentre chez soi. Fin de l’histoire ou, à suivre ? A vous de la découvrir !

Au vent mauvais (Kaouther Adimi)

note: 5Les vents mauvais de l'histoire ! Danny - 26 octobre 2022

Ce roman de K. Adimi, de 300 pages, veut dresser une fresque historique d'un siècle (le 20e) en s'appuyant sur la vie des grands parents de l'auteur. Les souvenirs sont personnels car s'il ne reste aucune trace écrite de leur vie, les histoires de famille se transmettent oralement, petits bouts par petits bouts et pas toujours.
Les personnages centraux sont 3 enfants d'un tout petit village du Bled algérien, El Zahra. Pauvre, Tarek, berger, est frère de lait avec Said. D'une riche famille, il sera étudiant puis écrivain. Il sera publié et son premier livre sera dévastateur pour Leila dressant un portrait osé d'elle, sous couvert de défense de la femme algérienne. Leila et Tarek seront obligés de fuir leur village.
K. Adimi raconte ensuite l'histoire de ses grands parents.
Leur histoire personnelle est l'histoire de l'Algérie et du monde, en particulier pour Tarek. Enfance pauvre, simple berger, part à la guerre ( 2e guerre mondiale) pour libérer l'Italie puis la France. Changé par cela, il revient et s’enrôle dans la guerre d'indépendance et le FLN. Il se marie avec Leila. Il cherche du travail à Alger puis en France où il rencontre le racisme exacerbé des français. Ses bonheurs seront la participation au film de Pontecorvo « la bataille d'Alger» et son séjour Rome.
K . Adimi fera plus court pour Leila, femme seule quand Tarek est au loin; sa famille est hostile : les villageois sont très méchants avec elle. Hommes et femmes. Leila a honte, elle souffre de ce que Said l'a salie. Il l'a détruite.
La force du récit c'est de montrer l'impact de la grande histoire sur les petites gens, comme celui aussi de la religion, du patriarcat féroce, et des traditions.
Il interroge aussi sur la responsabilité de l'écrivain qui peut détruire la vie des gens mis en cause malgré eux dans un roman.
Néanmoins ce roman réussit à nous rendre attachants ces personnages mais aussi à nous faire voir les paysages, les bruits et les parfums et à nous retenir jusqu'à la fin.
C'est un très bon livre !

Toute une moitié du monde (Alice Zeniter)

note: 5La place des femmes en littérature Danny - 26 octobre 2022

Ce livre n'est pas un roman. C'est un essai littéraire de haut niveau. Il s'agit d'évaluer la place des femmes dans la littérature (entre autre !), française et des autres pays. A. Zeniter surfe sur la vague «me too» mais pas du tout servilement, au contraire.
C'est un ouvrage certainement mûri depuis de longues années, qui a demandé des recherches approfondies, des références pertinentes, et une mise en œuvre très rigoureuse.
Elle est écrivaine, mais avant tout lectrice, depuis longtemps et beaucoup. Et rien de ce qui est écrit ne lui est étranger.
Alors vous rentrerez dans ce livre avec l'esprit libre de tous préjugés. Vous irez progressivement avec des haltes ou au contraire vous serez happés .
J'ai trouvé cet ouvrage difficile parfois, mais c'est aussi un vrai bonheur de lecture et une découverte écrite noire sur blanc qui fait beaucoup réfléchir.
Bonne lecture à tous.

La stupeur (Aharon Appelfeld)

note: 5La haine antisémite en Ukraine Danny - 29 juin 2022

Durant la seconde guerre mondiale, lors de l'offensive allemande, des nazis se dirigeant vers l'URSS, envahissent l'Ukraine, qui est occupée et soumise violemment.
Dans ce pays, vivent en relative tranquillité chrétiens et juifs, ensemble, mais les juifs sont très minoritaires.
Dans un village ou une petite ville, une famille juive et la famille chrétienne voisine d'Irena, mal mariée avec une brute alcoolique, vivent en bons termes sans histoires. Mais les nazis donnent des ordres, exécutés par les gendarmes ukrainiens.
La famille juive est arrachée à sa maison et alignée devant celle-ci à genoux dans la terre froide. Et les sévices et humiliations tombent sur elle pendant 4 jours. Bien sûr, le pillage de ces commerçants aisés par les voisins et pratiques des juifs, a lieu comme par des oiseaux de proie... par les familles chrétiennes voisines. Le 4e jour, le gendarme ukrainien, gardien de l'ordre et exécuteur des ordres nazis finit par les exécuter ; parents et enfants.
Irena, la voisine, est bouleversée et son cœur et son âme cherchent une réponse à l’indicible qui vient se produire. Elle trouve sa réponse.... Jésus est un juif, qui vit comme un juif et meurt parce que juif, et tuer un juif c'est comme tuer Jésus. Et elle part vers les montagnes porter cette bonne parole...
C'est un roman remarquablement écrit. 65 chapitres courts se succèdent, 3 pages chaque chapitre. Chacun avance d'un pas, et montre la progression vers le destin d'Irena. Chaque chapitre semble anodin, mais implacablement montre la violence, la déshumanisation des êtres.... C'est une lecture éprouvante bien que sans effets, une lecture qui ne se lâche pas.
Un «grand» livre à lire absolument. C'est terrible par moment, mais on ne peut le quitter.

Le paquebot (Pierre Assouline)

note: 5Une croisière prémonitoire ! Danny - 29 avril 2022

En 1932, a lieu le voyage inaugural d'un magnifique et très moderne paquebot le «Georges Philippar» . C'est la famille d'armateurs Philippar qui l'a nommé ainsi en l'honneur de l'ancêtre de la dynastie familiale. Le paquebot part de Marseille et doit arriver à Yokohama au Japon. Une navigation de plusieurs mois.
Un paquebot (tous les bateaux en fait) c'est un espace fermé, un huis clos flottant où les règles du théâtre se retrouvent. Unité de lieu, de temps, d'action.
Dans cet espace très structuré il y a des divisions très fermées, une 1ere classe et une seconde. Tous vivent sur le même bateau mais ne se rencontrent jamais.
Pour les premières classes, assez rapidement un homme, Jean Marie Bauer, pourtant discret, se fait remarquer et est recherché par les autres passagers de la première classe. Il sait écouter, il a de la conversation et surtout c'est un homme bienveillant. Tous ne le sont pas!
P. Assouline va mêler des personnages imaginaires et renommés, à des personnalités importantes qui étaient sur ce bateau.
Les gens de la haute bourgeoisie, Français ou étrangers discutent beaucoup, très urbainement. Mais à une escale, des allemands montent à bord. Des hommes en particulier qui ne jurent que par Hitler et ses idées fascistes et qui très vite rencontrent des adversaires parmi les passagers ! Mais pas tous. D'autres européens sont fascinés par les idées d'Hitler …. bref les tensions s'avivent.
Arrivé à Yokohama, le paquebot fait demi tour et repart en sens inverse …. et là, commencent de vrais gros problèmes. …
J'ai beaucoup aimé ce gros livre ; 393 pages, sans compter les « dettes » de l'auteur autrement dit les livres qu'il a consultés pour faire cet ouvrage, ou encore sa bibliographie. C'est un livre savant mais très vivant car les acteurs de cette fresque sont tout à fait réels (ex Albert Londres) ou réalistes. Ce huis-clos cosmopolite ressemble à l'Europe de l'avant guerre et en est le signe précurseur. C’était passionnant car la lecture si elle est dense, est aussi très facile. Je vous recommande vivement ce livre. N'ayez aucune crainte face à son volume ou son sujet.

Les homards sont immortels (Sophie Pujas)

note: 5Comment oublier un souvenir ? Danny - 27 mars 2022

Cet ouvrage de Sophie Pujas est court (137 pages) ; marges confortables des quatre côtés des pages, brefs paragraphes, dans un style direct et plein de retenue.
L'impression de rédaction rapide et efficace est donnée, entre autres, par des notes de bas de page assez conséquentes et fort utiles. Surtout ne pas les négliger !!!
L'histoire est simple et semble se dérouler dans les années 50. Une famille, un père, brocanteur et réparateur de ce qu'il chine cassé, une mère solaire, brillante, bavarde, une femme passionnée par son métier, la biologie marine qu'elle explique à ses enfants. Iris la cadette a peut être 10 ans, alors que son frère Sacha a plutôt 12 ans.
En vacances au bord de l'océan, à Ouessant, un matin, la mère disparaît. On l'attend, on s'inquiète, on fait le tour des endroits où elle pourrait être, rien... ! Et l'absence dure et dure encore.
L'histoire c'est celle du ressenti des enfants, surtout la petite fille, moins le garçon, qui bascule progressivement dans la préadolescence. Le regard des autres ; les commentaires ; le souvenir de cette mère qui manque à chaque instant, dont on n'a pas le droit de parler, occupe constamment l'esprit et le cœur de cette famille qui ne se parle pas. Or, cette attitude murée a des conséquences sur les enfants qui, toute leur vie, vivront avec cette pesanteur dans leur cœur.
Interloquée au début, et désarçonnée par ces notes très longues ( mais très utiles), je suis rentrée dans l'histoire très finement écrite, décrite, comme happée. En fait tout est important le roman, les notes, les photos, les références cinématographiques ou littéraires. On sait l'impact sur l'enfance de certains faits, qui ne nous oublieront jamais. On va vivre, mais une partie de notre cœur restera dans les souvenirs.
C'est un très court mais très beau roman, un de ceux qui posent directement des questions existentielles, et j'ai vraiment beaucoup aimé ce petit livre, que je vous recommande chaleureusement.

Le livre des heures (Anne Delaflotte Mehdevi)

note: 5Un bon livre qui procure de la joie ! Danny - 23 février 2022

Il y a de «Grands Livres» qui peuvent bouleverser une vie, et de «Bons Livres» qui vous procurent de la joie, de la peine, de la colère, tout à la fois. C'est le cas du Livre des Heures.
L'Histoire se déroule fin XVe siècle, à Paris sur le Pont Neuf qui enjambe la Seine, chez des «enlumineurs», des artisans autant qu'artistes, qui font beaucoup de livres de prières ou d'autres livres commandés par de riches et puissants personnages.
L’héroïne est une petite fille, Marguerite, la jumelle de Jacquot son frère adoré mais très malade. La fillette ne veut que peindre, comme son père et son grand père, des enluminures. Elle en a le talent, et une farouche volonté. Dans l'atelier de cette famille riche elle côtoie les apprentis et ouvriers de sa famille et c'est là qu'elle gagnera le droit de peindre. Talent inutile pour sa mère; elle doit l'aider pour les taches ménagères, se préparer au mariage le plus vite possible, et si possible mourir, elle, plutôt que le fils, héritier légitime, dans cette société.
J'ai beaucoup aimé cette histoire, vivante, très évocatrice car bien écrite et très documentée. Les personnages sont peu décrits en dehors de Marguerite car on voit en quelques paragraphes l'évolution de la petite fille en femme et son destin qu'elle ne choisira pas forcément.
Mais quand elle rencontre l'amour, le premier et le seul qui comptera, en 1492 (année remarquable), Daoud, la passion est là. La passion et des calamités naturelles dramatiques. Tout cela est raconté à la fois sobrement et très précisément. Et les personnages vivent, finalement de façon très moderne.
Un «bon» livre qu'on a hâte de lire en ne sautant rien et qu'on déguste.

Tant que le café est encore chaud (Toshikazu Kawaguchi)

note: 5On ne refait pas le passé... mais ? Danny - 7 janvier 2022

Le Japon est une très ancienne civilisation que les japonais d'aujourd'hui connaissent bien, à travers les légendes, les mythes et des faits historiques avérés. La croyance et le respect des Japonais d'aujourd'hui pour cette ancienne civilisation sont une partie très importante de leur culture actuelle.
Ainsi, au «Funiculi, Funicula», café légendaire, en s'asseyant à une des trois tables, à un endroit précis, on vous sert le café et «tant que le café est encore chaud», il est possible de retourner dans le passé quelques instants pour renverser des situations amères ou douloureuses pour le présent. C'est magique donc!
4 femmes diverses en âge, en situation, etc... font cette expérience extraordinaire. Pourront elles arranger le passé? Le présent en sera-t-il différent? ….. 4 femmes, 4 histoires différentes, de l'espoir? ou la fin des espérances?
J'ai beaucoup aimé cet ouvrage, dont le style simple, efficace mais tout en pudeur et qui n'a l'air de rien, magnifie et souligne la force des souffrances et des espoirs. C'est une lecture parfois douce amère, qui vous emmènera à faire votre choix: Le passé ou le présent ? Je vous le conseille très vivement.

Sarah Jane (James Sallis)

note: 5Sarah Jane Danny - 25 novembre 2021

Ce roman américain tire un peu vers le «polar».
C'est une histoire banale en apparence, celle d'une femme, d'abord fillette puis ado, enfin adulte qui vit dans une toute petite ville américaine et qui ne vivra jamais que dans de toutes petites villes. Cette enfant tient très tôt un «Journal». Elle ne raconte pas ce qu'elle a fait à la « récré », mais des fragments de sa vie, et au fur et à mesure qu'elle grandit et devient adulte, des fragments remplis de douleurs, d'abandons, d'une fille et femme écorchée par la vie.
Mais c'est aussi une combative qui fait face. Dans son milieu, qui est très modeste, elle réussit un diplôme universitaire, ce qui n'est pas rien, elle s'engage dans l'armée et ensuite, plus tard, dans la police son dernier poste. C'est aussi une femme généreuse, confiante qui «y croit» malgré sa vie, mais sans aucune naïveté.
Ce qui fait la réussite de ce livre c'est l'angle de son histoire, une histoire somme toute banale, simple et forte tout à la fois, mais aussi pudique, préférant l'ellipse. On devine les choses, comment sont les personnages, peu décrits mais denses et qui nous interpellent. James Sallis a de l'empathie pour eux, de la bienveillance, de l'Humanité tout simplement.
Le style, enfin, bref et concis, sa fluidité, le découpage en chapitre courts qui tient en haleine, tout cela rend le roman très prenant.
Même si parfois on s'inquiète pour Sarah,on la suit jusqu'au bout sans trembler. C'est un régal de lecture.

La cité des marges (William Boyle)

note: 5LA CITE DES MARGES Danny - 27 octobre 2021

Ce roman choral se déroule à Brooklyn de 91 à 94. Cette banlieue New-yorkaise est occupée par des italo américains, certains de la 2e ou 3e génération.
8 personnages, hommes, femmes, jeunes ou vieux, composent une fresque où ils se connaissent ou pas, se rencontrent ou pas, inter-agissent ou pas. Mais, en fait, tous sont liés et/ou englués à Brooklyn, car ils ne peuvent quitter cette banlieue faute d'argent.
Les personnages peuvent être des flics à peu près honnêtes le jour, mais qui se mettent au services des truands locaux, mafieux le plus souvent, la nuit. Les autres, Hommes et Femmes confondus, sont des marginaux, brisés, dont la vie est très difficile.
S'ils se rencontrent c'est qu'un passé funeste les lie, généralement... et la violence des gestes ou des sentiments est immédiate.
Ce que j'aime, c'est l'originalité du sujet : Brooklyn, très souvent traitée au cinéma et plus rarement en littérature. W.Boyle écrit très bien. Pas de trémolos, de fioritures romantiques, mais une plume précise, évocatrice qui nous permet de visualiser nettement les choses, les gens, les lieux.
Pour dépeindre ses protagonistes, pas de sensationnalisme, pas de dégoût, au contraire. On sent qu'il aime ce coin, ces gens, ces hommes et femmes attachants, plein d'humanité. Quoi qu'ils, ou elles, fassent.
Un moment de lecture addictif, auquel je ne m'attendais pas.
Je vous recommande vivement ce livre.

Le fleuve des rois (Taylor Brown)

note: 5Le Fleuve des Rois Danny - 7 juillet 2021

Ce très beau roman a comme axe un fleuve en Géorgie (Sud Est des USA), l'Altamaha River. Un fleuve sauvage au milieu d'une nature hostile, même aujourd’hui.
Trois histoires, historiquement datés se suivent et s'entremêlent :
D'abord, 2 frères descendant la rivière en kayak. Ils ont peu d'atomes crochus, mais ils transportent l'urne des cendres de leur père qui a vécu le long de cette rivière.
Ensuite, Hiram, ce père, sombre brute, violent, égoïste, et solitaire préférant vivre loin de sa famille à qui il faisait une vie épouvantable quand il revenait, femme et fils.
Enfin le fleuve lui même, important car il a été l'objet d'une expédition royale française au 16e siècle, huguenote (protestante) - 300 colons et soldats-, de «découvertes», d'explorations et d'accaparement des terres aux alentours, par la violence, au détriment des indiens. La colonisation est brutale et sans pitié.
Ces trois séquences sont menées en parallèles l'une résonnant avec les autres, s’enchaînant avec fluidité et une maestria remarquable. C'est la première chose qui «nous prend». Et très vite, au delà de l’intérêt pour les différents personnages, passionnants, même la grosse brute de père, on se passionne pour ce fleuve, le «fleuve des Rois». La description de l'Altamaha et de la région montre la violence des eaux et le danger qu'elles font courir aux indiens puis au colons et l'opacité de la nature environnante et les dangers qu'elle cache. L'environnement est au cœur du livre.
Hier comme aujourd'hui l'homme se comporte comme un prédateur en déboisant, détruisant. Les hommes se battent sauvagement contre les autres et contre elle, hier comme aujourd'hui.
C'est un livre magnifique, passionnant, qui m'a séduit dès les premières pages, mais qui a réclamé toute mon attention, et que j'avais beaucoup de mal à lâcher.
Accrochez vous..., il le mérite... vraiment.

Milkman (Anna Burns)

note: 5Milkman Danny - 29 avril 2021

J'ai été ado dans les années 60. Jeune femme dans la décennie suivante. Quotidiennement, à la télévision, aux actualités, on parlait du Vietnam ou des événements en Irlande du Nord, l'Ulster, la guerre «civile» entre catholiques et protestants, le terrorisme, l'intolérance, les haines.
Ce qu'on ne voyait que très très rarement c'était la vie des gens pas forcément impliqués. Qui subissaient. Et essayaient de se faire oublier. C'est ce que raconte cet ouvrage dense physiquement, et lourd du contenu.
Cet ouvrage est extraordinaire car, si on ouvre à n'importe quelle page, le mode de composition du récit, de longs paragraphes denses, se succédant sans dialogues (alors qu'il y a beaucoup de dialogues) est déroutant au premier abord. Ça s’avérera très vite addictif, donnant un rythme soutenu et haletant au récit. On veut savoir la suite.
Extraordinaire aussi, car l’héroïne est une jeune fille qui lit en marchand dehors dans la ville, ce qui est étrange et inhabituel. Déroutant. Elle intrigue la population faisant, malgré elle, parler sur elle.
Elle intrigue et en plus elle a attiré l'attention du Milkman personnage anodin de laitier, ou au contraire funeste et très important ? Et ça, c'est très mauvais pour elle...
Extraordinaire enfin par le réalisme des description de la vie de ces petites gens, vie dominée par le chaos, les attentats, la guerre civile, la peur, la lâcheté, les dénonciations et la misère. Les commérages...mortifères.
C'est au final un livre magistral, un moment de lecture exceptionnel, qui m'a ouvert les yeux sur cette période, alors que je pensais tout savoir.
Je vous le recommande TRES vivement.

Cent vingt francs (Xavier Le Clerc)

note: 5Cent vingt francs Danny - 29 avril 2021

L'ouvrage est petit, 135 pages, habilement monté en 3 parties alternant les protagonistes et les moments de l'histoire. Celle de l'arrière grand père de l'auteur, algérien, Saïd, mort à Verdun en 1917.
C'est une histoire terrible, qui raconte des situations réelles de l'époque. Mais c'est magnifiquement écrit, sans pathos, sans excès, sans surenchère pour nous amener à adhérer au récit.
L'adhésion se fait simplement et à l’évidence, par le style, qui fait de façon poignante ressortir le ou les sujets.
C'est un livre magnifique et très talentueux, alors que je viens de lire cette année d'autres ouvrages talentueux sur des sujets très proches. Livres que j'ai beaucoup appréciés par ailleurs.
Mais dans celui -ci il y a une paisibilité implacable du propos.
Pour moi ce fut un coup de poing, qui m'a subjuguée, surpassant toutes mes autres lectures sur le sujet.
Je vous le recommande vivement vous serez bouleversés et en même temps conquis.

Ma reine (Jean-Baptiste Andrea)

note: 3Ma Reine Danny - 31 mars 2021

Dans ce court roman, le talentueux auteur de 100 millions d'années et 1 jour, met en scène une histoire d'enfants dans les années 60.
«Shell» c'est ainsi qu'il s'est surnommé, 12 ans, doit quitter l'école communale pour un institut spécialisé pour enfants «retardés». Il ne le veut pas et pour montrer qu'il est grand et qu'on peut compter sur lui, il part «à la guerre», il fugue, et grimpe sur le plateau des Alpilles derrière sa maison.
Là, point de guerre ! Mais une merveilleuse rencontre avec une fille, parisienne, de son âge. Elle est «sa Reine» et il doit lui obéir dit-elle. Tout un univers imaginaire et merveilleux. s'ouvre à lui grâce à elle.
C'est un conte, un moment lumineux, une histoire d'amour entre les enfants, sans ambiguïtés. Shell est heureux. Cette partie du roman est joliment menée et on ressent le bonheur de ce garçon empêché dans son expression…
Toutefois, je ne me suis pas sentie concernée par cette histoire d'enfants, poétique certes, mais aussi très invraisemblable, alors qu'elle se veut réaliste aussi, et la fin est finalement convenue, comme dans tous les contes.

Division Avenue (Goldie Goldbloom)

note: 5Division Avenue Danny - 31 mars 2021

«Division avenue» est la rue principale du quartier juif orthodoxe des Hassidiques de New York. Dans ce quartier vit Sury, 57 ans, une femme et sa famille. 10 enfants, 32 petits enfants 1 arrière petit enfant qui va arriver bientôt, un mari rabbin et calligraphe très réputé. Le couple s'aime tendrement.
La vie quotidienne de la communauté est passionnante à découvrir. Tout est sous le regard des autres, et obéit à des règles, des traditions, des fêtes et des rites complexes et innombrables. Les familles sont très soudées, comme celle de Sury,
Mais à 57 ans, ménopausée, elle se découvre enceinte. Or dans sa communauté c'est impensable, car au delà d'un certain âge, quelque soit l'attachement des couples, ce qui lui arrive est indigne. C'est une société très prude, très hypocrite, très fermée, qui exclut tous ceux qui transgressent.
Sury, déjà meurtrie dans son cœur par un événement passé très douloureux, décide de cacher sa grossesse à tous, y compris à son mari. Très déformée par ses multiples grossesses et très grosse cela lui est facile.
Mais elle a consulté à l’hôpital du quartier, sa sage femme habituelle, Val, qui l' a accouché de ses derniers enfants. Et son regard sur le monde extérieur va changer.
La prise de conscience d'une modernité, du progrès que représente cette modernité, pour les femmes en particulier, est extrêmement bien amenée. On suit avec attention le cheminement de cette femme forte et intelligente, confrontée à sa tradition, qui risque l'exclusion du groupe, donc la mort sociale. C'est un livre passionnant de découvertes et d'humanité. Vous apprendrez beaucoup, et vous serez pris par les émotions de Sury.
Un excellent roman, par moment ardu et âpre, mais aussi tendre et chaleureux.

Le miel et l'amertume (Tahar Ben Jelloun)

note: 5LE MIEL ET L'AMERTUME. Danny - 23 février 2021

Dans le Tanger d'Hassan II, fin du 20e siècle, vivent ensemble sans contraintes Juifs, Chrétiens et Musulmans. Rare et presque idéal ?
En fait le Maroc d'hier est dominé par la peur. C'est un pays corseté où faire de la politique c'est critiquer le Roi, même autour d'un café avec des amis. Danger!
Le poids de la religion est écrasant, le poids de la tradition et des superstitions la renforce. Les mariages sont arrangés et forcés pour les filles, même très jeunes.
Et, par dessus tout, la corruption est omni présente, du plus pauvre des marocains, au Roi.
Dans Tanger vit une famille de la moyenne bourgeoisie: un couple, Mourad et Malika, leurs enfants, deux garçons et une fille, Samia. C'est une jeune fille sensible, solitaire, fragile, lumineuse. Elle aime la poésie, en écrit. Elle ressent très fort la pauvreté, les mendiants, les enfants abandonnés, les femmes qui subissent tout.
Il va lui arriver l'impensable. Elle sera anéantie et du drame qui surviendra ensuite, ses parents qui ne s'aimaient plus depuis longtemps, vont basculer dans une haine féroce, constante, déterminée. C'est une tragédie, comme il semble en exister souvent au Maroc.
J'ai beaucoup aimé l'écriture de Tahar Ben Jelloun que je retrouvais après longtemps. Elle est légère, limpide, presque tendre, faisant contrepoint à l'atrocité des situations mais les soulignant d'autant plus. C'est un cri tout en retenue que lance T. Ben Jelloun contre la violence faite aux femmes, encore plus quand elles ne sont que des enfants.
Le style s'efface devant le sujet. Un pamphlet d'autant plus fort qu'il est énoncé d'une voix douce .

C'est ainsi que tout s'achève (Caroline Erikson)

note: 5C 'est ainsi que tout s'achève Danny - 27 janvier 2021

Voici un thriller scandinave, d'une jeune auteure suédoise talentueuse. Un thriller certes, mais psychologique : point de meurtres, de chantages, de viols etc...
3 personnages : Elena, auteure à succès, la femme ; Peter son époux ; Léo, le voisin d'en face, jeune ado brillant, malmené par ses condisciples.
Peter trompe Elena avec qui il est marié depuis longtemps. Dévastée, elle le quitte et se réfugie dans une maison d'une banlieue bourgeoise, seule.
De l'autre côté de la rue, une maison où vivent une femme un homme et un ado : c'est la maison des Storm. Elena en voit bien l'intérieur, dans ces pays du Nord sans rideaux et sans volets.
Elena les épie. Elle sent que quelque chose de terrible se trame et elle en a la conviction après avoir fait la connaissance du jeune voisin, Léo.
Et, à partir de là, tout va basculer... Elena est-elle la «salvatrice» de la famille et notamment du couple, ou s'enfonce-t-elle dans une paranoïa profonde et ancienne ?
Avec une écriture simple, dépouillée d'artifices, de descriptions sauf essentielles, tout est amené en finesse. L'écriture est addictive alors qu'elle pourrait être froide et rebutante, malgré la complexité de la mise en scène des faits (réels ou imaginaires ?) Le suspense dure jusqu'à la dernière page. On ne devine pas la fin, finalement dévoilée, avant. C’est très fort, très prenant.
J'ai lu par morceaux, par la force des choses, mais j'avais hâte de reprendre mon bouquin et d'être dans ma bulle avec Elena, Peter et Léo... et Veronica, la mère de l'ado. C'est une perle, noire, mais c'est une perle ce roman.
P.S. Mettez des rideaux et des volets aux fenêtres, si vous avez des vis à vis, on ne sait jamais... !

Oeuvre non trouvée

note: 5L'Anomalie Danny - 26 janvier 2021

L’anomalie commence comme un banal roman catastrophe : des passagers d’un avion sont pris dans un terrible orage qui va certainement détruire leur appareil. Et comme le veut le genre, l’auteur suit parmi ces passagers certains personnages plus typiques : au choix, un tueur perfectionniste, un écrivain en mal de succès, un couple en voie de séparation, une vedette de la chanson qui doute, etc….
Mais on quitte assez vite ce roman catastrophe pour glisser vers le roman fantastique car cet avion qui finit quand même par se poser a déjà atterri 106 jours plus tôt avec exactement les mêmes passagers à bord ! L’armée, les politiques, les religieux s’en mêlent alors pour trouver un sens à cette « Anomalie » et l’auteur ne manque pas d’idées pour leur faire imaginer hypothèses et explications plus ou moins crédibles !
On rentre enfin dans la 3ème genre de roman, philosophique, social et sentimental où il faut régler le problème humain posé par cette « Anomalie » : comment faire cohabiter des
 doubles  rigoureusement semblables ?
Ici encore, Hervé Le Tellier sait trouver des solutions radicales,
pittoresques ou attendrissantes et souvent en résonance avec l’actualité.
Tout revient progressivement à la normale, jusqu’à ce qu’apparaisse sur les radars….
En résumé, un roman déroutant, bien écrit, parfois drôle, qui mélange les genres et la chronologie, mais tient en haleine jusqu’au final, en forme de calligramme, qui saura encore vous surprendre !

Incendie nocturne (Michael Connelly)

note: 5Incendie Nocturne Danny - 20 décembre 2020

Depuis 1999,( Le Dernier Coyote) Harry Bosch est un vieil ami et j'apprécie ce flic opiniâtre, parfois «border line», les intrigues complexes, mais solides, et Los Angeles, sa ville, véritable personnage dans les romans, ville que j'ai découverte grâce à lui. Mais un jour, l'inspecteur Bosch part à la retraite, mais aucun lecteur ne veut voir disparaître Harry Bosch.....
Difficile de le réinventer après tant d'années et tant d’ouvrages.
J'ai été déçue par les histoires post «inspecteur» d'Harry Bosch. Jusqu'à «Incendie Nocturne».
Un nouvel équilibre est en place. H. Bosch n'est plus seul, une policière en exercice, jeune, Ballard, travaille parfois avec lui. Et le duo professionnel fonctionne bien car ils se ressemblent. L'un et l'autre a chacun une enquête spécifique, qu'ils mènent en parallèle... mais ils s'entraident.
On retrouve dans «Incendie Nocturne» des enquêtes complexes semblant anodines au départ, divergentes, et Connelly, avec maestria nous conduit vers des vérités qui se dévoilent difficilement. Harry est lui même, mais il a son âge, 70 ans ; la jeune inspectrice est solide mais peu appréciée de certains dans la «Maison», bref, rien n'est facile pour eux. Et c'est ce qui rend passionnante cette histoire. Connelly sait tisser l'humain derrière la recherche de la vérité. C'est un très bon millésime qu' «Incendie Nocturne». Quand on le commence on n'a qu'une envie, le finir mais pas trop vite pour faire durer le plaisir.

J'irais nager dans plus de rivières (Philippe Labro)

note: 3J’irai nager dans plus de rivières Danny - 17 novembre 2020

Philippe Labro est poly-compétent, journaliste, écrivain, parolier, cinéaste, et j’en passe, et le tout avec un talent certain.
Philippe Labro est un people et connaît tant de célébrités … et aime à nous le dire.
Philippe Labro est cultivé, une sorte d’encyclopédie de la littérature et de la citation littéraire, et il en use et abuse parfois dans ce livre.
Philippe Labro a finalement eu une vie passionnante, de sa jeunesse à nos jours, et nous en fait profiter avec style.

Tout cela sur 298 pages qui entremêlent souvenirs, pensées philosophiques, textes et discours , portraits, listes des lectures et des musiques qu’il aime, le tout sonnant comme une sorte de testament, parfois intéressant, souvent bouleversant, quelquefois aussi un peu... indigeste.
D’où un sentiment mitigé en refermant ce livre, dont, je le reconnais, j’ai tourné très vite certaines pages.

Walt Longmire n° 13
Une évidence trompeuse (Craig Johnson)

note: 5Une evidence trompeuse Danny - 16 novembre 2020

13e opus... On s'habitue au style de Craig Johnson, une confortable amitié s'est installée. Et pourtant, ce 13e opus réserve des surprises. On retrouve les personnages, tels qu'en eux même: Walt, débonnaire, affuté, perspicace, "la nation Cheyenne", plutôt mutique, mais ayant bien lu Sherlock Holmes qu'il cite opportunément et abondamment, et les femmes de leur vie, la compagne de Walt, sa fille chérie, et une certaine Lola, à ne pas confondre avec la voiture de Standing Bear qui s'appelle ainsi. Curieux non?
Longmire et son ami Cheyenne, fans de motos, vont à une réunion de motards très importante , avec courses et diverses compétitions. Une rencontre a lieu entre Lola, la femme, et Standing Bear qui ne se sont pas vus depuis 30 ans. Et tout va basculer et devenir compliqué.
Ce qui m'a beaucoup plu, c'est d'abord et avant tout un récit plein d'humour, mais il faut dire que le monde des motards aux USA est particulier, si l'on suit l'auteur avec ses héros, ses ivrognes, ses méchants et quelques braves gars. Il y a une verve et un certain comique rafraichissants.
la situation est à la fois crapuleuse et dangereuse et touchante aussi, car un jeune git dans un lit d'hôpital et en se réveillera jamais, on en est sûr.
Tout commence avec lui ...
C'est un livre dense,vif, que j'ai eu beaucoup de plaisir à lire.

La fièvre (Sébastien Spitzer)

note: 5La Fièvre Danny - 19 octobre 2020

Avant d'être auteur, Sébastien Spitzer a été longtemps journaliste. Et cela se sent. Sens du rythme pour mener une histoire, chapitres courts et incisifs, langue ciselée toujours très juste. Il a l'art de mettre en scène et de faire vivre les situations et les personnages. L'histoire, vraie et très documentée, se situe à Memphis, en 1878, le port le plus important du Sud des USA à cette date.
Cela commence par un homme descendant d'un bateau qui vient d'accoster et qui meurt très vite d'une fièvre foudroyante. De quoi est-il mort, ce premier mort ? Nul ne le sait, ne peut l'expliquer... Puis ce sera la déferlante de victimes, mortes de cette même «fièvre» inexplicable.
L'auteur raconte cette histoire en se focalisant sur quelques personnages, 4 ou 5, plus ou moins sympathiques d'ailleurs. Ces personnes,à travers la tragédie brutale et terrible qui se déroule et qui anéantit les Hommes, la ville et tout le Sud du Pays, vont révéler soit l'Humanité, soit l'Inhumanité cachées sous leur rôle social d’ordinaire.
Le récit est haletant, addictif dans mon cas, on le lit d'une traite, on ne peut le lâcher avant son terme. Il prend une curieuse résonance aujourd'hui, bien que fortuite, résonance étonnamment contemporaine. Lisez tout, jusqu'au bout. Un excellent moment de lecture.

Oeuvre non trouvée

note: 5Lété des oranges amères Danny - 8 juillet 2020

Ce qui fut le magnifique domaine de Lyntons avant guerre est en décrépitude totale en 1969. Mais un américain veut l'acheter. Il mandate une femme, Francès, pour faire l'état des extérieurs, jardins, statues etc... et un brocanteur, Peter, avec sa compagne Cara, chargé de recenser et d'évaluer le mobilier restant.
Les 3 occupants qui ne se connaissent pas vont se rapprocher, devenir «amis» et l'été va exacerber les passions.
C'est un roman habile et foisonnant qui se lit d'une traite.
Habile car la minutie des descriptions, qui correspondent à la minutie des travaux d'évaluation de la propriété, nous fait «voir» et ressentir le fouillis des jardins, la décrépitude de l'intérieur, tant est précis et ajusté le vocabulaire descriptif.
Habile aussi par les temporalités différentes, passé, présent, futur, qui se mêlent sans cesse, sans qu'on n'y prenne garde en fait, dans un même chapitre.
Foisonnant car les 3 personnages, qui vont se lier (aidés par un lot conséquent de bouteilles de vin oubliées depuis la guerre), s'unir sans être unis, chacun caché derrière son histoire, car tout ne repose que sur des mensonges qui semblent crédibles. Et la vérité se révélera lentement...
Tout cela donne un livre riche avec des éléments très réussis, comme la folie des protagonistes, spirale vertigineuse et inexorable ; et j'ai été surtout surprise par la chute, très forte, très habile.
Une lecture haletante et dérangeante mais qui mérite qu'on s'y tienne...

Nefertari Dream (Xavier-Marie Bonnot)

note: 5Nefertari Dream Danny - 9 juin 2020

Dans ce « beau » roman il y a tout :
L'Histoire multi millénaire révélée par l'archéologie et les vestiges de l'Antiquité égyptienne. C'est le premier contexte du roman.
La vie du peuple égyptien aujourd'hui, hommes et femmes, femmes surtout, la pauvreté, la violence qui lui est faite, l'absence d'espoir. C'est le 2e contexte.
Mais c'est aussi l'Histoire en marche avec les événements récents d'une Révolution dans ses débuts Place Al Tahrir au Caire, porteuse d'espoir, de démocratie et de bien être. C'est le 3e contexte.
Enfin, il y a l'amour, la passion entre Rodolphe jeune égyptologue et archéologue français qui vit essentiellement près de la vallée des Reines où il cherche le tombeau d'une reine morte il y a 3300 ans, et Noah, archéologue égyptienne, synthèse par son histoire familiale des influences religieuses multiples de cette population.
C'est le 4e contexte, celui qui fait le lien avec tous les autres.
C'est un roman, très riche, car très bien documenté, surtout, écrit de manière enlevée, au style précis et presque tendre quand l'auteur décrit la nature, les hommes, leur labeur et leur vie, roman structuré par des chapitres courts et efficaces. On sent très bien les tensions et contradictions de ce pays pauvre, au patrimoine archéologique éblouissant, mais renié par les islamistes comme impie, et proposé à l'encan aux plus offrants des étrangers.
Et il y a une très belle passion amoureuse entre Rodolphe et Noah, unis par l'archéologie mais aussi par leur tolérance envers les autres.
Ce n'est pas un « GRAND » roman, vaste saga fourmillant de détails , mais c'est un « BEAU » roman , qui se lit d'une traite, qui ouvre les yeux sur le destin d'un peuple. Un moment de vrai plaisir de lire.

Les Fantômes de Reykjavik (Arnaldur Indridason)

note: 3Les fantômes de Reykjavik Danny - 27 mai 2020

Les couleurs qui dominent en Islande sont le noir et les gris. Ce roman d'Indridason est noir et gris lui aussi. Une histoire très bien construite, ménageant tout le long du livre les suspenses, "les" car il y a trois "quêtes" ou "enquêtes" entremêlées. Ces enquêtes sont liées à travers le temps : les années de la 2e guerre mondiale d'une part, la période actuelle d'autre part. Par un biais habile, une "medium" et un ex policier opiniâtre, Konrad se rencontrent et cherchent des réponses à des questions concernant un lointain passé commun. La rencontre est pour moi l'élément le plus faible du livre, un artifice original mais un peu incongru. Et Konrad et la femme sont amenés à démêler en plus, deux affaires séparées par des dizaines d'années où des jeunes filles sont des victimes? De quoi? de qui? Le suspense, qui est assez embrouillé parfois, tient en haleine jusqu'au bout habilement. Indridason sait trousser une intrigue. Il aborde des sujets terribles et intemporels. C'est un roman noir prenant, parfois déroutant ( où en est on? on parle de qui? ) mais peut être un peu trop touffu et qui surfe sur les modes actuelles. On apprend beaucoup de choses sur l'Islande d'hier et d'aujourd'hui, comme toujours, mais avec un arrière petit goût d'artifice.

La science de l'esquive (Nicolas Maleski)

note: 5La science de l'esquive Danny - 13 mars 2020

Kamel Wozniak est un fugitif se dirigeant vers une contrée très lointaine. D'où vient il, qui est-il, qu'a-t-il fait, pourquoi s'arrête-t-il dans cette petite ville, ce gros bourg au pied du causse, bien avant son but ? Un homme encore jeune, vigoureux, baraqué, qui veut se fondre et qui ne pourra pas échapper à la curiosité des gens.
Ce qui m'a énormément plu, c'est le style de N. Maleski. Un récit fluide et très dense en même temps, chapitres courts, phrases courtes mais ciselées, sans effets de style, mêlant descriptions incisives et réflexions philosophiques, existentielles serait plus juste.
L'histoire avance à pas comptés, et le passé inconnu, de Kamel, se dévoile prudemment au grè de rencontres jamais provoquées par lui. Est-il attachant ou pas, ce héros?
Ce qui m'a énormément plu aussi c'est justement ce dévoilement très lent de Kamel, inexorable, lui le fugitif qui ne veut aucune attache, lui qui veut qu'on l'oublie.
C'est une très belle surprise et découverte, un plaisir de vraie lecture car l'ouvrage est totalement maîtrisé tant dans la construction que dans la narration et la langue, lecture qui nous fait prendre parti.
Pour ou contre Kamel ?

Maïtre des eaux (Patrick Coudreau)

note: 4Maitre des eaux. Danny - 11 février 2020

Un roman qui se lit d'une traite. J'ai été séduite par l'univers quasi magique du début, moi qui n'aime pas cela d'habitude, puis aspirée par l'histoire de d'hommes et de vengeance. Le personnage principal est Mathias, un adulte aujourd'hui, seul survivant d'une famille décimée par l'incendie survenu alors qu'il n'avait que 12 ans. Il revient au village abandonné 20 ans auparavant. Un événement lointain? Pas pour lui qui est hanté par cela ni surtout par certains hommes du village de Brissole qui n'ont pas oublié l'incendie et pour cause..... La montée de la haine, la surchauffe des esprits, la peur en même temps que cause ce "gamin" devenu un adulte impressionnant est très bien rendue et le roman devient alors haletant. Tout cela a des accents très contemporains, voire d'actualité quand les meneurs contre Mathias ne le nomment jamais qu'avec des diminutifs ridicules et humiliants, tant ils le craignent.
D'un genre à un autre, mais avec une fluidité très maîtrisée, on passe du conte magique à l'horreur de la haine folle. Mais c'est un vrai plaisir de lecture.

Albuquerque (Dominique Forma)

note: 5Albuquerque Danny - 6 décembre 2019

Peu de pages,196, très petit format, pages utilisées à moitié, à priori un choix de livre erroné pour moi qui aime les gros pavés.Mais 4e de couverture accrocheuse... Et c'est une excellente surprise, au final, que ce petit ouvrage! L'histoire est captivante, tenue de bout en bout de façon haletante, les protagonistes sont campés sobrement mais très justement, les rapports entre le héros, le mari, et sa femme qui partage son destin et sa cavale désespérée, sont rendus de façon très crue sans pathos ni complaisance. La chute que vous ne lirez pas par anticipation,SVP, est troublante.On commence la lecture, on ne la quitte plus. On regrette que ce soit fini. Un petit bijou dans son genre.

Les mangeurs d'argile (Peter Farris)

note: 5Les mangeurs d'argile Danny - 23 novembre 2019

Peter Farris livre ici un roman noir. Très noir. En effet, aujourd'hui, en Géorgie ( USA) vivent des humains sur une terre difficile, car argileuse. Du kaolin pour être précise. Or, si parfois, autrefois, en cas de misère profonde, on mangeait des galettes d'argile faute de pain, c'est aujourd'hui une ressource convoitée car utilisée dans l’industrie. C'est sur cette terre que vit une famille de fermier. Un père, son fils un ado têtu, une belle mère qu'il n'aime pas et une demie- soeur aimée, par contre. Le père meurt dès le début du récit. Très vite Jesse, l'ado sait que la mort n'est pas accidentelle. Billy, un vieux décharné et fuyant le monde, a vu " l"accident". Et le lui dit. Et commence alors une ronde infernale de personnages bruts, sans humanité, rongés par l’égoïsme et la cupidité.Les armes sont une religion pour tous. La galerie de portraits qui entraîne le lecteur vers des fausses pistes est peut être très réussie mais le procédé est un peu répétitif. Ceci étant c'est un portrait des américains et de l'Amérique qui est brossé, avec toutes ses turpitudes: le shérif, abominable et corrompu; la puissance de la mafia locale; le prédicateur évangéliste ( sans doute le pire) sa soeur la belle mère de Jesse, qui aime l'argent, beaucoup; le terroriste, Billy , traqué par le FBI, qui deviendra l'ami de Jesse. Cette amitié est belle et forte et j'ai trouvé ce volet du livre très crédible et cohérent. Ce qui est aussi très réussi c'est l'évocation de la nature, ni trop descriptive mais délicatement traitée. C'est une histoire banale, qui peut sembler excessive, mais qui ne l'est pas, l'actualité le confirme chaque jour.
Une lecture qui captive et qui est tout à fait recommandable. Un bon moment.

Cent millions d'années et un jour (Jean-Baptiste Andrea)

note: 5cent millions d'années et un jour Danny - 23 novembre 2019

Stan est fils de paysan. Sans discussion possible, son père a tracé son destin: il reprendra la ferme familiale. Mais Stan a d'autres rêves.... Ce sont ses rêves que nous découvrons, alors qu'il est au milieu de sa vie. Sans le panache qu'il souhaitait. Paléontologue qui trie, identifie, et classe des fragments d'os, professeur estimé mais à la vie terne. Un jour il croit enfin pouvoir accrocher ses rêves à sa vie: la haut dans une montagne il y a les ossements d'un "dragon". On le lui a dit. Il le croit, il l'espère, il le veut. Partir, trouver ce "dragon", serait pour lui la gloire et la célébrité.... J.B. Andréa lire un récit fluide et poétique, très prenant. les descriptions des sentiments, de la nature, sont très évocateurs et les personnages, à peine ébauchés, ont une réalité tangible. Car Stan part en expédition en haute montagne trouver enfin ce "dragon" avec un ami son assistant et un guide. Et le récit déroule cette quête obstinée, avec âpreté.Car la haute montagne est un ennemi redoutable. .... que va t-il trouver? J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre, captivée du début à la fin par cette aventure folle et destructrice tout à la fois. alors même que le style est poétique et pudique en même temps. Une lecture passionnante, un livre bouleversant que je vous recommande vivement.

Les petits de Décembre (Kaouther Adimi)

note: 5Les petits de Décembre. Danny - 19 octobre 2019

Ce pourrait être une histoire vraie dans l’Algérie d'aujourd’hui. Un lotissement, la cité du 11 Décembre, dans la périphérie d’Alger où vivent paisiblement et modestement des familles. Lotissement jamais fini, avec des routes jamais goudronnées, donc boueuses, tout comme cette friche que les enfants ont transformée en terrain de football. Le grand bonheur des « petits ».
Un jour, des généraux arrivent et expliquent que ce terrain est à eux, ils en ont la preuve : des papiers. Pour les enfants d’une dizaine d’années qui jouent, cela n’a aucun sens… Et 3 « petits » une fille et 2 garçons se révoltent contre cette iniquité selon eux. Violemment. Et ils sont suivis par d’autres enfants, alors que les parents craintivement font le dos rond. Bientôt l’affaire prend des proportions inattendues….
Avec son talent habituel, son écriture limpide, et rapide, K. Adimi trousse un récit plein de charme et terrible tout à la fois. Cette fiction est si vraie, révèle tant des maux de l’Algérie actuelle : violence, corruption du haut en bas de l’Etat, pauvreté persistante alors que ce pays a dans les mains des richesses incroyables accaparées par une ploutocratie militaire, passivité due à la peur et la résignation devant la persistance des maux. Les 3 enfants à la tête de l’insurrection contre les 2 généraux et l’Etat qui est derrière eux, sont très jeunes et symbolisent l’espérance de changements, malgré tout.
C’est un beau livre, qui, à la fois, nous éclaire sur l’histoire du pays, la situation actuelle du pays, et sur ses espérances. Les enfants sont la richesse du pays, peut être tout ce qui reste comme espérance en l’avenir, car les Anciens ont failli, les adultes ont failli, les jeunes ont failli, il ne reste donc que les « Petits », comme Ines, Jamyl, et Madhi. Vous les suivrez avec sympathie et vous aurez envie de croire, comme eux, qu’on peut changer un avenir écrit et pesant. Un livre d’espérance que j’ai lu avec bonheur.

Heimaey (Ian Manook)

note: 4HEIMAE Danny - 6 octobre 2019

Ian Manook aime les grands espaces. La Mongolie racontée par lui dans Yeruldelgger précédemment, vous a peut être, comme moi, donné envie d’aller voir ces espaces infinis. Ici il nous emmène en Islande, dans un long périple autour de l’île.
Ce voyage, Soulniz l’a fait 40 ans auparavant. Un périple joyeux, avec des potes rencontrés là bas, mais qui s’est terminé tragiquement. Ce périple, 40 ans après, Soulniz le fait avec sa fille Rebecca avec qui il était en froid depuis longtemps. Un voyage initiatique en quelque sorte, pour renouer le lien distendu des relations Père - Fille. Mais très vite, des incidents se multiplient, qui irritent puis inquiètent Jacques Soulniz et Rebecca….. Or celle-ci va disparaître. Commence alors une longue chasse pour retrouver sa fille.
L’Islande est le personnage principal de ce roman, une Islande magiquement belle, remplie de couleurs, même si les noirs et gris de la lave des volcans sont omniprésents dans toutes les nuances possibles. Il y a aussi la gamme des orangers, des verts des solfatares, des geysers ; les cascades prodigieuses, les volcans, les glaciers. De points en points entraînés dans un jeu de piste démoniaque, aidés par un inspecteur islandais en galère lui aussi, grand comme un troll, et qui chante le Krommavisur à pleine voix.
Les personnages sont très bien campés, et dans cette île très isolée pendant longtemps, ils entretiennent toute une mythologie et des superstitions parfois terribles et dangereuses pour l’étranger.
Le rythme est soutenu bien que parfois des éléments secondaires soient introduits qui mènent dans des voies sans issue qui ne sont pas toujours utiles, à mon sens bien sûr.
L’ensemble néanmoins est bien mené, intéressant et complexe ; truculent même par moment, et on apprend beaucoup sur les mœurs islandaises simples, naturelles, sans complexe. Il y a des passages très drôles.
J’ai retrouvé l’Islande que j’ai visitée il y a 5 ans avec bonheur. Dans ce pays magnifique, que j’ai trouvé très désert en êtres humains, Manook a campé des Hommes qui vivent au milieu de cette nature étrange et terrifiante, qui n’ont pas la prétention de l’apprivoiser, tant elle est forte et écrasante. Un très bon suspense ! qui se lit d’une traite.
Un dernier mot. Sur You Tube ou simplement sur Internet cherchez « Krommavisur », ce chant ancien, étrange et somptueux. Et écoutez le !

Une question de temps (Samuel W. Gailey)

note: 5UNE QUESTION DE TEMPS Danny - 6 octobre 2019

Alice, à 21 ans, fuit depuis longtemps. Une errance semée de galères, d’alcool, de coups. Un jour, elle ramasse un sac rempli de billets et de drogue. Elle s’enfuit avec sa découverte mais très vite le propriétaire, un truand raffiné mais tenace et cruel la poursuit. Elle, devant, lui derrière elle, ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils ne se rencontrent…
L’histoire se déroule sans temps mort, sans baisse de régime. Les personnages sont « justes », tant Alice dont on découvre la personnalité que le gangster "raffiné". L’action se déroule dans des lieux hors des grands axes, pauvres souvent. Le tout est extrêmement bien rendu en peu de mots. Voici un excellent thriller qui tient en haleine de bout en bout, et que je vous recommande vivement.

Oeuvre non trouvée

note: 2Une joie féroce Danny - 6 octobre 2019

Jeanne découvre qu’elle a un cancer au sein. C’est une nouvelle écrasante qui la stupéfie d’abord. Elle, la douce, gentille et attentionnée femme, subit le parcours des examens jusqu’au diagnostic implacable. A ses cotés son mari, aimé, qui ne la voit pas, ne la supporte pas malade, et très vite, la quitte de façon ignoble. Sa vie, du moins ce qu’il en restait, est anéantie. Mais elle rencontre 3 autres femmes qui, comme elle, sont blessées par la vie. Maladies et surtout, mal d’enfants. Elles réagissent en «détruisant le pavillon des cancéreuses pour élever une citadelle joyeuse ». D’où le titre.
La première partie du livre, qui décrit avec une minutie glaçante l’annonce et l’installation dans le cancer pour Jeanne est remarquable. Terrifiante et remarquable cette dégringolade vers l’anéantissement. Terrifiant le rôle du mari….
Puis la deuxième partie, la rencontre avec les 3 autres femmes, commence de façon « normale », petites touches qui dessinent des caractères. Puis c’est le basculement vers quelque chose que j’ai trouvé totalement artificiel, rocambolesque, auquel je n’ai pas cru une seconde. Et c’est la partie essentielle du livre.
J’ai trouvé cela gênant. La fin du coup ne m’a pas convaincue. C’est toujours bien écrit. Mais c’est trop bancal. Je ne savais rien du livre, choisi pour l’auteur. Ce n’est pas le S.C. que j’apprécie beaucoup.

Les morts de bear creek (Keith McCafferty)

note: 5LES MORTS DE BEAR CREEK Danny - 11 juillet 2019

Dans le Montana, descendant des Rocheuses, coulent des rivières poissonneuses. On pêche « au lancer» avec des «mouches», et c’est tout un art de confectionner soi même ses mouches. Ce sont des œuvres d’art, parfois, très belles et très efficaces. Et très cher.
Or, des mouches très précieuses, disparaissent dans le « Club des menteurs et monteurs de mouches de la Madison ».
Sean Stranahan, artiste peintre talentueux, pêcheur invétéré et guide tout à la fois, en plus d’être un ancien enquêteur, plutôt bon, dans un cabinet d’avocats, est installé depuis peu au bord de la Madison. Il est sollicité par le Club pour enquêter sur cet étrange vol. Il découvre un univers assez particulier.
En même temps, en altitude, des ours viennent de déterrer des cadavres. L’aide de Sean est également demandée par la sheriff locale, qui le connait. Très vite, beaucoup de questions se posent et les deux enquêtes semblent se recouper….
Moi qui ne suis ni amateur de montagnes, de pêche, d’armes à feu, de très grosses armes à feu, et encore moins de grizzli, j’ai trouvé ce roman très intéressant.
Pour l’univers décrit, particulier. Je vous laisse le découvrir.
Pour les personnages rapidement esquissés, à peine, et pourtant étonnamment évocateurs et crédibles.
Pour la complexité des intrigues. Et la lumière qui se fait progressivement. C’est très bien fait.
Pour les protagonistes, des gens qui font leur boulot. Prudents, méthodiques, efficaces, intéressants. On voudrait en savoir bien plus sur eux. Ca viendra…
Et il y a aussi, la nature évoquée, les montagnes, la Madison surtout, la belle de poissons qui unit tout ce monde. Elle est le centre du livre, le point commun et d’ancrage de tous. On l’entend chanter comme un être vivant.
360 pages de très bonne lecture, que vous aurez du mal à quitter car vous serez bien « ferrés » par l’intrigue et ces personnages intéressants. J’ai passé avec lui de bien belles soirées.
Petits conseils pour mieux apprécier encore ce livre : lisez les notes de l'auteur et les remerciements à la fin du livre

La petite fille qui en savait trop (Peter May)

note: 5La petite fille qui en savait trop Danny - 11 juin 2019

Neil Bannerman, brillant journaliste écossais, rejoint Bruxelles au cours de l’hiver 1979. La Grande Bretagne est sur le point d’adhérer à la CEE, et Bruxelles est « the place to be ». Il y rejoint un collègue de son journal, qu’il ne connait pas, un permanent, qui vit là avec sa jeune fille autiste, Tania. Celle-ci ne parle pas. Mais dessine. Admirablement. Très vite le collègue est tué au cours d’une « querelle » (?) avec le ministre britannique aux affaires européennes, un brillant et jeune homme politique. Or Tania assiste cachée aux assassinats. Et elle dessine ce qu’elle a vu.
Le tueur, un pro sans état d’âme, envoyé pour l’éliminer, s’attache très vite aux pas de Neil qui enquête et veut protéger la jeune fille. Une course contre la montre s’engage alors.
Dans ce roman, il y a Bruxelles comme décor, une ville, noire, humide, glacée, qui rend difficile l’enquête, et des protagonistes qui se dévoileront, au fil des progrès difficiles de Neil Bannerman, tout aussi noirs que la ville. Le rythme est crescendo mais de façon insidieuse, et la complexité de Neil et du tueur est très intéressante à suivre. Le style est précis et simple tout à la fois.
Peter May dont c’était le 3e livre (réédition de 1979) avait alors déjà son style et sa maîtrise du tempo.
Une lecture captivante qu’on quitte avec regrets, qui prend un relief particulier, alors que la Grande Bretagne va quitter l’Union européenne à l’automne 2019.

Les gratitudes (Delphine de Vigan)

note: 5Les Gratitudes Danny - 17 avril 2019

Une vieille dame poursuit sa vie dans un Ehpad. Cette vie tient entre les murs de sa chambre impersonnelle. Elle a toute sa tête mais les mots lui échappent. Ils lui jouent des tours, se transforment, de mélangent, et ceci la désarçonne beaucoup. Car elle en est consciente. Seule, elle l'est. Sans famille et pour cause. Mais deux jeunes l'accompagnent. Une jeune femme, qui va avoir un enfant, et qui en a peur. Un orthophoniste qui l'aide à se reprendre quand les mots se font espiègles et se brouillent. Ils sont là, tous les deux et Michka parle avec eux. Ce sont ces dialogues qui constituent la trame du livre magnifique de D.Le Vigan. C'est un roman plein d'amour, de gratitudes pour la vie et ce qu'elle donne même si elle a pu être féroce parfois. Avec une belle langue sans afféteries, des dialogues retenus mais explicites, et des personnages dessinés comme dans une esquisse,on suit un cheminement sans tristesse, bien que tout le soit, jusqu'au bout. Un livre magnifique qui m'a beaucoup touchée et mieux fait comprendre ce qu'est la " Gratitude" ou plutôt " les gratitudes ". Je vous recommande vivement cet ouvrage magnifique.

Personne n'a peur des gens qui sourient (Véronique Ovaldé)

note: 5PERSONNE N’A PEUR DES GENS QUI SOURIENT. Danny - 26 mars 2019

Gloria est mère de deux filles : Stella, une ado très « ado » de 16 ans et une petite de 6 ans, Lou, joyeuse comme on peut l’être quand on est une petite enfant heureuse. Un jour, sans que rien ne l’annonce, Gloria plaque tout, elle fuit: elle quitte la Provence chaude et lumineuse, pour une maison de famille, en Alsace en lisière d’une forêt noire et froide. C’est un refuge.
Elle s’installe, et les 3 femmes, chacune selon son âge, vivent et inter- agissent en apprivoisant leur nouveau monde. Mais surtout les souvenirs affluent, même s’ils sont parfois difficiles.
Femme forte, Gloria a aimé et a été aimée, souvent. C’est une mère louve pour ses enfants, dévouée, protectrice jusqu’à la paranoïa. Et elle qui sourit, car « les gens n’ont pas peur des gens qui sourient » se retrouve confrontée à des souvenirs, trop de souvenirs...difficiles, à des situations inquiétantes.
Un livre triste et angoissant ? Parfois, mais pas tant que cela : V. Ovaldé croise les genres : policier, surréalisme, romantisme, naturalisme sont mêlés avec une très belle fluidité, et tout est cohérent.
J’ai beaucoup aimé de livre court et très bien écrit et éprouvé beaucoup d’empathie avec ces trois femmes, l’enfant, l’ado, la mère. Une lecture qui manie des choses difficiles avec bonheur. C’est un livre plein de chaleur et de lumière aussi, réjouissant, troublant, car, enfin, où est la morale dans cette histoire ? Vous en déciderez.

La fille du traître (Leif Davidsen)

note: 5La Fille du Traître Danny - 15 mars 2019

« La fille du traître », entre Danemark et Russie, aujourd’hui, décrit le jeu complexe et très dangereux, troublant de véracité, car fort bien documenté et plutôt terrifiant, des espions danois et russes, entre autres. « Terrifiant » car cette fiction est fort possible voire même probable un jour plus proche que tardif.
La politique agressive de la Russie après avoir annexée la Crimée, et tentant d’étouffer l’Ukraine, menace aujourd’hui les pays baltes. Le Danemark, face aux pays baltes, est engagé aux côtés des USA et des européens, et est donc un bastion avancé contre la Russie. D’où la place importante de l’espionnage.
La fille d’un espion danois, traître à sa patrie et ayant fui en Russie, est contactée par son père, le traître, qui vit désormais en Russie. Là aussi, les liens familiaux, les actes sont complexes car chacun a des intérêts divergents et surtout des intérêts divergents et successifs. C’est avec beaucoup de finesse et de sensibilité que Davidsen décrit cette histoire familiale insérée dans la géopolitique actuelle.
Mais ce qui est aussi très réussi c’est la description des pays, des paysages, des villages et de Moscou, de la façon de vivre des uns et des autres, en particulier des russes. "L’âme russe" qu’on ne connait pas bien en occident car on baigne plutôt dans une culture américaine, est analysée de façon claire, accessible. Un trio «d’orthodoxie, d’autocratie, et de nationalisme» forge l’âme russe. Davidsen ajoute aussi, «romantisme pleurnichard» pour compléter. Et aujourd’hui, du haut en bas de la société, c’est l’argent seul qui compte, y compris chez les espions, pas tous, mais beaucoup, par exemple, ceux du livre. C’est le règne de la « Kleptocratie » disent les russes.
Donc un livre très prenant, très documenté et qui donne à découvrir un contexte géopolitique, certes fictif, mais reposant sur des bases terriblement crédibles et angoissantes. Un excellent roman d’espionnage.

Olga (Bernhard Schlink)

note: 5OLGA de Bernahard Schlink Danny - 20 février 2019


Ce beau roman nous permet, dans sa première partie, de découvrir Olga, petite fille pauvre et peu aimée de sa grand-mère, qui vit à la campagne en Allemagne au tournant du 19e-20e siècle. Elle y rencontre pourtant 2 enfants, riches, fils et fille du hobereau local, gros industriel. Tout les oppose, pourtant tous les trois vont devenir amis. Puis, si la fille de l’industriel s’éloigne, Olga et Herbert vont tomber amoureux et s’aimer malgré l’opposition farouche de la famille d’Herbert. Ils sont différents et vivent différemment l’époque que traverse une Allemagne encore jeune, en ce début du 20e siècle ; si elle veut à tout pris étudier, passer des concours et devenir institutrice, elle veut sans en être consciente ancrer l’Allemagne dans la modernité de l’époque, alors que lui ne rêve que de grands espaces, déserts et de conquêtes territoriales, de grandeur de l’Allemagne, autre forme de modernité . Il va se passionner pour la conquête de l’Arctique.
Mais quel que soit l’éloignement, il revient toujours vers elle, et l’aime. Elle se console d’être sans enfant, en s’occupant du petit dernier de sa voisine et amie qu'elle suivra jusqu’à un âge avancé, après la 2e guerre mondiale. Herbert part vers l’Arctique, au début de la Première guerre mondiale cherchant une route maritime. Olga suit l’expédition par les journaux, ses lettres, qui un jour s’arrêtent.
Dans la 2e partie, Olga vieillit doucement et devient sourde à la cinquantaine. Chassée de l’enseignement, devenue couturière, elle s’attache à un autre petit, qui sera toujours très proche d’elle. Et quand elle mourra, ce sera lui qui sera son héritier, de peu de choses en fait mais lui connait parfaitement l’histoire d’Olga. Il a les lettres d’Herbert, il cherche celles d’Olga, car il sait qu’elle lui a écrit souvent et beaucoup.
Et ce sont les lettres d’Olga qui font la 3e partie, lettres retrouvées et qui sont toutes là. On suit Olga dans ses espoirs, dans la force de son amour qui doit lui ramener Herbert, dans ses désillusions, son deuil, muet, ses joies ses peines dans tout le temps qui lui reste à vivre.
C’est tout sauf un roman à l’eau de rose qu’ « Olga ». Très ancré dans le contexte d’avant la première mondiale, jusqu’à après 2e Guerre Mondiale et au-delà, la base historique est solide. Le style est simple, un peu distant, comme il convenait de se comporter à cette époque. Mais c’est une histoire d’amour, de désirs plus grands que soi, d’aventures violentes et mortelles. Car cette grandeur que cherche Herbert mène à la mort, à l’anéantissement.
J’ai aimé ce livre, beaucoup ; l’évocation de l’enfance, de la Poméranie est très fine et les lettres sont sublimes et justes. J’ai été bouleversée par la chute. Le serez vous ?

Chen Cao n° 11
Chine, retiens ton souffle (Xiaolong Qiu)

note: 3Chine retiens ton souffle Danny - 1 janvier 2019

C’est le 11e opus des aventures de l’Inspecteur – Poète Chen.
Sa ville, Shanghai, étouffe sous la pollution. Noyée dans un brouillard jaune en permanence, l’Inspecteur Chen doit enquêter sur les « activistes chinois » sur Internet qui protestent avec force et efficacité contre cet état de fait. Car l’Etat totalitaire chinois n’aime pas la contestation…
C’est une musique qu’on connait bien : le récit, lent, souvent un peu trop, est ponctué de poésies, très prisées des chinois, mais qui ne font guère avancer l’histoire. Comme toujours, il est question de luttes intestines féroces pour le pouvoir, de corruption, de mensonges, bref c’est la description d’un état gangréné jusqu’à la moelle mais arc-bouté sur ses privilèges. Et en plus, pour étoffer un peu l’histoire, des crimes sordides semblant insolubles à son adjoint Yu se déroulent avec régularité. Chen doit venir à la rescousse.
J’ai lu sans déplaisir et rapidement, cette 11 e aventure de Chen. Les premiers ouvrages parlaient d’un monde en transition, original donc, fourmillant de détails savoureux. Maintenant tout ce que dit l’ouvrage se trouve à la portée d’un clic sur Internet. Tout cela manque de fond avec une intrigue assez prévisible. Et une résolution encore plus prévisible.

Une maison parmi les arbres (Julia Glass)

note: 4Une maison dans les arbres. Danny - 27 novembre 2018

Un livre long et dense qui raconte une histoire d’apparence très simple, au départ. Julia Glass, en suivant « Tommy », va se pencher sur le destin assez remarquable d’un homme, «Morty », décédé, qui va se révéler petit à petit à «Tommy ». «Révéler », car une cohabitation de 30 ans lui avait caché ce qu’était fondamentalement «Morty ». Entre autres.
Dans une langue et une construction foisonnantes et assez complexes, la lecture semble difficile dans les 100 premières pages du livre ; puis on se laisse embarquer par les multiples personnages, très bien campés, avec finesse et souvent une touche d’humour quasi british pour être assez bouleversé par les 100 dernières pages.
Si le sujet semble banal (le poids d’un passé pour les uns et les autres, la perception changeante qu’on a des compagnons de notre vie) c’est l’écriture qui vous séduira si vous passez ce qui peut apparaitre comme une lecture un peu difficile de prime abord.

La chance de leur vie (Agnès Desarthe)

note: 5la chance de leur vie. Danny - 7 octobre 2018

Une histoire toute simple. Une famille, père universitaire, mère qui ne travaille pas, fils de 14 ans, accepte avec bonheur de s'expatrier pour une durée limitée en Géorgie ( USA) . Le père, philosophe et poète reconnu occupera une chaire à l'Université. La famille part rapidement et s'installe facilement.
Et c'est la vie des uns et des autres qui se déroulera dans ce roman, vie vue par les yeux de la mère. Un roman tout simple donc. Oui mais…"La chance de leur vie", cette expatriation universitaire, va révéler des faces cachées et insoupçonnables à eux mêmes chez chacun des membres de la famille.
Ce livre est remarquable. L'écriture l'est: en 3 mots, l'auteure campe un personnage, une situation , un objet etc... avec une exactitude qui semble évidente au lecteur. La construction est remarquable: l'installation sans heurts dans la nouvelle situation de la famille semble sereine et "ample"...L'écriture épouse le rythme des bouleversements.
L 'angle de la narration est aussi très pertinent. Ce sont les pensées , faits et gestes de la mère qui reste au foyer qui guident le lecteur. Un foyer heureux, serein, affectueux et respectueux de l'autre. Mais avec une habileté qu'on ne voit pas venir, tout va basculer.
Brillant, virtuose, humain, très humain, ancré dans des réalités sociales et temporelles bien campées ( en peu de mots) le récit va révéler chaque membre de la famille différent que celui qu'il était en France.
C'est un livre qu'on ne peut lâcher tant il captive, tant il est juste. Une très belle lecture.

Divine vengeance (Francesco Muzzopappa)

note: 3Divine vengeance Danny - 8 juillet 2018

De l' humour dans cet ouvrage , car l'auteur, italien, pratique l'auto dérision et croque des personnages caricaturaux et décalés avec un certain talent. Il raconte de façon alerte la vengeance d'un looser, jeune adulte, sévèrement trompée par sa "fiancée". Pour ce faire il décide d' enfreindre les 10 commandements.
S'ensuit la description de chacune des tentatives plutôt malheureuses mais cocasses très souvent et absurdes encore plus souvent du malheureux cocu. Tout cela est léger, rapide, et fait passer 2 petites heures qu'on oubliera, sans doute, assez vite.

Oeuvre non trouvée

note: 5L'héritage des espions. John Le Carré Danny - 25 juin 2018

Peter Guillam, l'homme de Smiley le maître espion britannique de la guerre froide, est tiré de sa discrète retraite française en 2017.Il est convoqué pour éclaircir la mort de deux espions de Smiley en 61 en pleine guerre froide . Il doit répondre aux questions de jeunes agents aux dents longues et sans état d'âme. Commence alors un jeu de dupes car les questions sont vicieuses et à charge d'un côté et des réponses qui sont une succession de mensonges ou de semi vérités. Cette confrontation en apparence courtoise et respectueuse est en fait une tentative de mise à mort. La jeune garde n'ayant que faire de l' HISTOIRE, que faire des dilemmes moraux que posait l'époque.
John Le Carré avec une maestria une fois de plus bluffante, mène avec beaucoup d'allant ce jeu de chat et de la souris entre Guillam l'homme d'un certain passé et les jeunes agents, pressés de faire carrière, et puisque l'époque est à la repentance, aux excuses pour ce qui a été fait "avant" ils veulent obtenir des aveux et la tête de Guillam. Les références aux autres épisodes qui ont donné lieu à des ouvrages de J. L. C. sont omniprésentes pour comprendre l'époque des années 50 à 90 et celle des espions d'aujourd'hui. Qui gagne ? Quelles différences y -a-t -il entre les moments de l'Histoire évoqués avant et maintenant. Et au fond quelles différences entre ces espions d'hier et ceux d'aujourd'hui? Leur but n'est il pas le même?John le Carré a là dessus une opinion nuancée et très tranchée. J.L.C. avance à pas feutrés et nous précipite dans un suspense haletant de bout en bout. Un excellent moment de lecture

Chronique des Clifton n° 7
Le Destin d'un homme (Jeffrey Archer)

note: 2Le Destin d’un Homme Danny - 25 juin 2018

Septième et dernier tome de la longue saga des Clifton / Barrington, cet ouvrage de Jeffrey Archer peut se lire, si on est vraiment accro aux aventures de ces deux familles et si on n’est pas trop amoureux de la bonne littérature !
Pourtant, pour ceux qui connaissent l’histoire, les héros emblématiques sont toujours présents à l’appel, Emma et son frère Gilles du côté Barrington et Harry du côté Clifton, plus leurs enfants, petits-enfants et si nombreux amis des ouvrages précédents On retrouve même les méchants habituels comme la terrible Lady Virginia, assoiffée de vengeance…
J. Archer travaille toujours de la même façon avec de gros chapitres centrés sur un ou deux personnages qui font avancer le récit en mêlant l’histoire familiale et l’Histoire anglaise (Lady Dy, Mme Thatcher) ou même mondiale (chute du Mur de Berlin) et qui évoluent toujours avec élégance dans la très haute société anglaise de la finance, de la politique, de l’art ou de la littérature.
Mais la sauce ne prend plus car l’idée de départ de deux familles que tout opposait sur le plan social et économique, car une riche et l’autre très pauvre, qui se confrontaient et luttaient dans les guerres et les crises n’est plus là. Au contraire, les acteurs toujours beaux, intelligents, cultivés, polis, généreux sont devenus tous plus riches les uns que les autres. De plus, quoiqu’ils fassent, ils réussissent tout (concours, marathon, discours, livres…) car ils sont géniaux ; s’ils font des erreurs, tout se règle si facilement dans leur monde policé et luxueux. Par contre, les méchants cupides et stupides sont, bien sûr, toujours punis. Les minces intrigues ne provoquent plus vraiment d’inquiétude ni même d’émotions car on sait que nos héros vont gagner… et l’on peut parfois s’ennuyer ! Je vous déconseille, par exemple, les pages sur les règles passionnantes du cricket ou les longues descriptions des séances de la chambre des Lords.
Je pense que Mr Archer commençait lui aussi à s’ennuyer car on sent qu’il ne croit plus à son monde qui se rapproche de celui des Bisounours ni à ses personnages en carton. C’est d’ailleurs pour cela que, après 420 pages, il décide brusquement de faire disparaitre rapidement son héros.
Le dernier chapitre est d’ailleurs peut-être le seul qui suscite un peu d’émotion car il résume finalement tous les vrais évènements de la saga et peut vous arracher une larme !

Après la fin (Sarah Moss)

note: 5Après la fin Danny - 5 juin 2018

« Apres la fin ». Sarah Moss. Actes Sud. Mai 2018.
Dans une famille heureuse, un père, Adam, une mère, Emma, une ado de 15 ans, Miriam, « Mimi », et la petite Rose, 8 ans vivent heureux. Mais Miriam fait un arrêt cardiaque au lycée ; heureusement, réanimée très vite, elle survit. Mais est ce que cela va se reproduire ? Comment continuer à vivre « normalement » alors que plus rien n’est à sa place désormais ?
C’est le récit de cet « après la fin » que nous lisons à travers la pensée d’Adam le père, quasi homme au foyer depuis 15 ans. Un père qui assure. On est dans sa tête, on suit sa pensée multiforme, foisonnante, dense, alors que tous réinventent leur vie. Un grand père vient aider autant qu’il le peut sa famille. Et sa vie, qu’il dévoile enfin véritablement à son fils dans ce moment difficile de leur vie, devient un des éléments centraux de la reconstruction de cette famille.
Sans pathos, ne cherchant jamais à nous tirer des larmes, au contraire même, sans gaieté forcée ou cynique face au drame qu’ils traversent tous, on suit le chemin de l’acceptation et de la résilience de cette famille. C’est très juste, très fort, erratique souvent, comme l’est la pensée d’Adam le père, donc parfois un peu déstabilisant, mais on a du mal à lâcher ce livre passionnant extrêmement bien écrit.
Un pur moment d’excellente lecture. Danny

Valse hésitation (Angela Huth)

note: 3Valse Hésitation Danny - 16 avril 2018

Clare a la trentaine. Elle a été mariée une première fois, très jeune à Richard qui avait alors le double de son âge. Mais cette si jeune femme ne convenait pas à ce militaire, marin ayant déjà beaucoup bourlingué. Son deuxième mari Jonathan , sur-protecteur et étouffant , l'agace profondément. Ils font une pause en se quittant pour 6 mois avec la promesse de se retrouver après. Et les pensées de Clare font le va et vient entre Richard et Jonathan... est elle faite pour le mariage? Elle rencontre une vieille dame, modèle d'excentrique anglaise, très rationnelle, ce qui en l'occurrence n'est pas contradictoire. Elles deviennent amies et se voient souvent. Et Clare rencontre Joshua. Il lui plait il la séduit.... mais elle hésite encore, tout en s'installant chez lui... Un amant, mieux qu'un mari? Et Joshua qui ne prononce pas les paroles qu'elle aimerait entendre et Jonathan qui doit revenir bientôt Questionnement et hésitations encore et toujours....
Ecrit en 1970, un livre très anglais. Des personnages stéréotypés " anglais", ennuyeux voire sinistres ou excentriques. De la légèreté et des situations cocasses parfois, bien traduit, cet ouvrage se lit facilement. Un petit moment pas désagréable... mais assez vite oublié.

Midwinter (Fiona Melrose)

note: 5Midwinter Danny - 28 mars 2018

Une histoire d'hommes: un père Landyn Midwinter, la soixantaine, son fils Vale, 20 ans; Tom ami de Vale et protégé par le père et le fils Midwinter d'un père négligent et violent. Fermiers dans le Suffolk ils vivent à la limite de la survie. La famille a quitté le Suffolk dix ans auparavant pour la Zambie vers un avenir meilleur. Mais après un drame atroce, ils reviennent sur leurs terre d'origine.
Et père et fils vivent côte à côte, sans se parler ou presque rongés par le deuil, la culpabilité, la rancœur et les non dits. Entre eux le souvenir de Cecilia femme et mère qui, elle, n'est pas revenue de Zambie. C'est donc une tragédie très sombre, sombre comme le quotidien de ces hommes. Mais pas seulement, car, la description de la nature, du quotidien, est sublimée par une écriture poétique, lyrique, presque sensuelle, et précise tout à la fois. On ressent les éléments. La construction est très maitrisée: on passe du Suffolk aujourd'hui à la Zambie, hier; du père, au fils, c'est un roman à deux voix. Ce n'est pas qu'un face à face hostile et/ou haineux. Il y a d'autres protagonistes: Tom est un personnage central, et il y a aussi des femmes déterminantes, Cecelia la mère aux boucles rousses, Beth serveuse au Pub, rousse aussi, et une curieuse renarde que le père aperçoit de loin en loin. C'est un roman fort, émouvant, sans être jamais larmoyant. La vie en quelque sorte... Une lecture " bonheur".

À malin, malin et demi (Richard Russo)

note: 5A malin, malin et demi Danny - 13 mars 2018

25 ans après "Un homme presque parfait", R. Russo retrouve Sully, son héros, vieux, très mal en point, désœuvré. Les médecins lui donnent deux ans au mieux. En même temps, mais ailleurs dans la petite ville, Douglas Rayner, la quarantaine bien tassée, policier, se pose beaucoup de questions et cherchent des réponses. Autour d'eux, la petite ville de North Bath est remplie de " figures". Tous se connaissent, sont souvent liés et les deux protagonistes sont aussi liés mais ils ne le savent pas. L'un ou l'autre sont mêlés aux évènements tragiques ou cocasses de la ville où on se bagarre beaucoup. Il y a là des tranches de vies savoureuses dans ce livre choral. Gros roman de 600 pages, captivant dès la première , très bien écrit et traduit car R. Russo est un écrivain confirmé qui dresse le portrait d'une société féroce, pathétique, drôle, humaine, profondément humaine. On a du mal à quitter ce livre. Un vrai régal.

Là où l'histoire se termine (Alessandro Piperno)

note: 5Là où l'histoire se termine Danny - 13 mars 2018

Ce livre choral est bien écrit et traduit. On passe d'un protagoniste à un autre sans s'en rendre compte et sans gêne. Souvent drôle ( humour du désespoir ) encore plus souvent cruel et/ou pathétique. Pourtant la société italienne moderne, romaine ici, et bourgeoise n'est jamais caricaturée. Le final est fort et surprenant. Un vrai moment de très bonne lecture

Une enquête de Scott Manson n° 3
La feinte de l'attaquant (Philip Kerr)

note: 4La Feinte de l'attaquant Danny - 19 décembre 2017

La feinte de l'attaquant parle de football. Pour le 3e fois Scott Manson ancien entraineur de London City va se trouver mêlé à une recherche, une enquête dans ce milieu. Il est vrai qu'ancien joueur, ancien entraineur de foot, il connaît particulièrement le sujet. Et d'autre part, au chômage, il ne peut refuser la proposition alléchante faite par son ancien club : Barcelone. Le voilà recherchant un jeune français, prodige du foot, prêté au PSG par le Barça, et disparu depuis plusieurs semaines. Sa trace le mène à Paris, aux Antilles... Dans son enquête il fait des rencontres troublantes et dangereuses qui nous montrent les facettes obscures mais bien présentes du monde footballistique. Le roman est bien troussé, tient en haleine et rend passionnant un milieu qui d'ordinaire m'indiffère. L'auteur est passionné de foot et le contexte est extrêmement bien rendu, c'est d'ailleurs cela le sujet du livre. L'enquête , intéressante au demeurant, n'est qu'un fil conducteur dans un portrait sans concession de ce milieu violent, corrompu. Une lecture divertissante et intéressante. D.D.

Loups solitaires (Serge Quadruppani)

note: 3Loups solitaires Danny - 19 décembre 2017

Un membre des forces spéciales française, Pierre Dhiboun, est infiltré dans un groupe djihadiste au nord du Mali. Mais il disparaît. Déserteur? Mais de quel camps? Tout le monde le recherche : les français, les djihadistes... Il est seul? Burn out ou loup solitaire? Mais quand il va réapparaitre, la situation deviendra encore moins claire. Et quand finalement l'action se tiendra dans le Limousin, tout deviendra encore plus compliqué et obscur. Cette région n'est elle pas aussi dangereuse que le Sahel, parfois? La lecture de ce roman policier n'est pas très facile. On passe, d'un paragraphe à l'autre, sans transition aucune d'un pays à l'autre, d'un protagoniste à l'autre et il y en a beaucoup! Il y a aussi des registres différents d'écriture. La partie très sombre et tendue de la première moitié est " allégée " quelque peu par des moments d'humour ( ?) ou de loufoquerie dans la deuxième partie. Les animaux tiennent une part non négligeable alors. Notamment un vrai loup solidaire et des poules de luxe. Et des abeilles qu'on ne souhaiterait pas avoir près de chez soi. Ceci étant, vous apprendrez beaucoup de choses sur les secrets des opérations spéciales et discrètes menées contre le terrorisme, et sur les hommes et animaux acteurs du roman. Toutefois le montage du récit est assez difficile à suivre et j'ai préféré "Katiba" de Jean Christophe Rufin roman proche sur ce sujet, paru il y a quelques années pour la compréhension du sujet. D. D.

Une affaire d'hommes (Todd Robinson)

note: 3Une affaire d'hommes Danny - 19 septembre 2017

Amis d'enfance, videurs, musclés et tatoués, Boo et Junior ont l'art de se mettre dans des situations au mieux, rocambolesques, au pire, dangereuses. Mais ils s' en sortent toujours de façon surprenante. Dans ce Boston où se côtoient rupins et gangsters, ont fait souvent appel à eux... Une fois de trop! et ils se retrouvent principaux suspects dans une affaire de meurtre. Ils veulent donc absolument s'en sortir ce qui est humain. Commence alors une course contre la montre pour retrouver le ou les vrais coupables... Dans un style déjanté, souvent drôle, à la limite du burlesque, la recherche du coupable est l'occasion de moments savoureux et aussi terrifiants et finalement réalistes. Car, dans le fond, se sont de braves gars, mais leurs méthodes ne sont pas du tout orthodoxes. Un livre plaisant où on s'attache assez vite aux héros et où on passe un petit moment agréable, distrayant. D.D.

La Daronne (Hannelore Cayre)

note: 5La Daronne Danny - 26 juillet 2017

La Daronne est une excellente surprise. L'écriture est emballante, riche, précise, âpre et ronde tout à la fois, littéraire finalement, rare dans les thrillers. H. Cayre connaît son sujet: la justice comme avocat, particulièrement le monde de la drogue. Mais elle est femme avant tout et vous allez vous identifier à Patience qui va devenir la "Daronne". Car c'est une histoire de femme qu'elle raconte, une femme "bien", droite, honorable, marquée par la vie certes mais qui fait face. Ni riche, ni pauvre... Honorable donc. Et pourtant, un jour, sans le vouloir , elle bascule et devient cette "Daronne", mot de la pègre, qui désigne une femme de pouvoir, pouvoir que lui donne cette drogue après laquelle courent tant de gens... C'est un régal. Qui passe trop vite. Mais on peut le relire et savourer encore plus l'écriture et aussi l'histoire. D.D.

Rêves de machines (Louisa Hall)

note: 3Rêves de machines Danny - 30 mai 2017

5 voix parlent à 5 époques différentes. La première est celle en 1663,de Mary Bradford qui fuit l'Angleterre vers le Nouveau Monde, elle écrit ses pensées dans son journal.La 2e voix, en 1928,est celle d' Alan Turing qui invente le prototype du premier ordinateur. La 3e est celle de Dettenam, mathématicien qui invente le premier ordinateur parlant . Il l'appelle Mary. En 2035 Mary 3 est un ordinateur pourvu de souvenirs et d'empathie avec les humains. C'est la 4e voix. Enfin, la 5e en 2040 a les traits d'une "poupée consciente" qui a anéanti toutes les relations sociales. Le livre est complexe à plusieurs niveaux. Récits historiques, et science d'anticipation se mélangent. On passe de l'un à l'autre sans logique apparente et cela peut paraître déroutant. D'autre part, on est dans un récit bien documenté scientifiquement pour les voix 1,2,3, et donc il y a des éléments assez ardus. 4, et 5 sont bien des sujets sur lesquels travaillent les scientifiques. Enfin l'ouvrage est plus philosophique qu'historique. Des questions qui sont alors plus grand public comme " quelle est la nature de la mémoire" ou quelles sont les limites de la personnalité" sous tendent le récit. Il n'y a pas vraiment d'originalité au questionnement sur " qu'est ce qu'être humain? ". Mais si l'on dépasse le style dense, dur, les soliloques pesants et la construction en puzzle du récit, on peut passer un moment assez intéressant. D.D.

La nature exposée (Erri De Luca)

note: 5La Nature exposée Danny - 30 mai 2017

Un petit livre magnifique, empreint de poésie, de réalisme en même temps, hautement philosophique mais sans pédantisme. léger et profond. Léger car il y a beaucoup d'humour mais aussi profond car il y a des questions essentielles sur l'art, sur l'homme qui sont abordées. C'est court, ça se lit d'une traite, et on se régale. D.D.

Joie (Clara Magnani)

note: 5Joie Danny - 19 mars 2017

Premier titre d'une nouvelle auteure ,roman très court, JOIE, est un petit bijou. 3 personnages: Gigi, historien, cinéaste d'âge mûr, meurt subitement à Rome à la fin de l'été 2014. Elvira sa fille accourt. En rangeant les affaires de son père elle découvre un manuscrit racontant la liaison, l'histoire d'amour qu'il vivait depuis 4 ans avec une journaliste belge , Clara, elle aussi d'âge mûr, mariée avec des enfants. Leur " mature love" comme dit Gigi! Au manuscrit de Gigi ( Giangiacomo) devait répondre celui de Clara, qui raconterait sa version de l'histoire; un journal à quatre mains en quelque sorte. Je ne veux rien vous dire du contenu du manuscrit de Gigi racontant leur histoire, pas plus du "journal d'absence" que Clara écrira . Ces passages, le corps du livre, sont bouleversants de fraîcheur , d'amour, d'humour, d'érudition, de joie ( Gioia disait souvent Gigi) et de tourments; ils sont aussi charnels.... Clara parlera à Gigi, "l'absent", puis, par glissement elle s'adressera à Elvira, jeune fille qui devient adulte, pour lui faire comprendre comment cette femme heureuse dans sa vie conjugale pouvait aussi tant aimer son père. Court récit donc mais qu'on prend en mains en se disant que c'est une petite chose ..... Oui, mais qui vous donnera beaucoup de plaisir. Un petit bijou disais je. DD.

Soleil rouge (Matthew Mc Bride)

note: 4Soleil rouge Danny - 20 février 2017

Le Missouri, dans les Hautes Plaines de l'Ouest abrite une population de laissés pour compte de la société américaine. Ces pauvres, ces paumés, ces "camés" qui sont le plus grand nombre d'habitants produisent de la méthamphétamine. Les trafics sont partout . Rivalités, coups tordus, violence, meurtres en résultent. L'autorité est très faiblement représentée par un sheriff lointain et des adjoints de bonne volonté mais très humains. Quand l'adjoint Dale va découvrir 52 000 dollars dissimulés dans la litière souillée d'un chat au fond d'une caravane, il bascule à son tour, en les volant et les dissimulant. Pour lui commence une course contre la montre pour échapper à ceux à qui il a volé l'argent. C'est un récit âpre, violent, car primitif, où la violence sans appel, la folie , l'hystérie religieuse sont le lot normal de cette société, de ces quelques personnages décrits par M. Mac Bride. C'est très prenant et terrifiant à la foi, car cela a l'air tellement " normal". Un roman qui ne se lâche pas, et finalement assez moral dans cette société sans humanité. D.D.

Oeuvre non trouvée

note: 3L'Autre qu'on adorait Danny - 2 janvier 2017

De la fin des années 80 à 2008 l'histoire de Thomas , "TU", dans le livre, est racontée par l'auteur, "JE", dans l'ouvrage. Thomas est brillant, séduisant, cultivé, mais pourtant le ton de la narratrice est souvent dur et sans concession. De 8 ans plus âgée que lui, ils ont été amants puis sont restés amis, mais elle livre un portrait de lui, âpre et souvent dérangeant. Pourquoi cet être de lumière devient-il un homme tourmenté et incohérent, qui a constamment fait de mauvais choix, jusqu'au choix final? Ce faux dialogue entre "je" et "tu" est écrit avec une "belle" écriture mais assez hermétique et rebutante parfois. Les personnages vous entrainent vers l'abime, et on peut aussi s'étonner de la description d'une société somme toute très superficielle, malgré des discussions " profondes" , qui juge rapidement l'autre à l'aune de ses échecs, très relatifs d'ailleurs. Rate-t- on sa vie parce qu'on a échoué à Normale Sup, mais intégré Sciences PO, seulement! ? On peut juger que non. Me semble-t-il.... D.D.

Oeuvre non trouvée

note: 5Suburra, tome 2 Danny - 19 novembre 2016

ROME BRULE est la suite de "SUBURA". On retrouve les mêmes protagonistes, mais la hiérarchie se modifie parmi les mafieux et les différents gangs de Rome. Sur un fond contextualisé et authentique de la vie politique italienne et surtout romaine, s'affrontent des forces puissantes et contraires: les mafias, omniprésentes qui touchent tous les secteurs d'activités de la capitale; leurs chefs qui luttent pour la suprématie; les politiciens avec un nouveau maire qui veut nettoyer la ville; les pouvoirs politiques nationaux qui manigances leurs coups fourrés. Et dominant Rome, "Sébastiano", lieutenant du "Samouraï" qui tire désormais les ficelles et déclenche une tourmente inouïe. C'est un livre à "clés", que les italiens décryptent aisément, mais qui n'est pas un obstacle à l'intérêt pour un Candide ordinaire. Livre passionnant tant l'intrigue est prenante, tant les m£urs décrites imprègnent la Ville Eternelle, et tant les romains semblent totalement baigner dans l'atmosphère brutale et violente de celle ci. Un moment de lecture captivante et haletante qu'on a envie de lâcher par moment tant c'est réaliste, mais qu'on ne peut lâcher tant c'est prenant.D.D.

Numéro 11 (Jonathan Coe)

note: 4Numero 11 Danny - 19 novembre 2016

Un roman construit autour du "NUMERO 11". Une succession de moments de vie, reliés par des numéros 11, et qui a pour fil conducteur, 2 gamines de 10 ans, au début, Alison et Rachel. On les suit et retrouve à différents moments de leur jeunesse et le début de leur âge adulte. Mais ce n'est pas un roman à l'eau de rose, c'est tout le contraire. Jonathan Coe, dans ces tranches de vie d'Alison et Rachel, dresse un portrait féroce et désespérant de son époque, de son monde, de notre monde. Et ce monde est l'aboutissement d'une évolution commencée depuis des décennies, la preuve ? ce sont des Winshaw, descendants des héros de "Testament à l'anglaise" ce livre coup de poing" sur l'ère Thatcher, qui gouverne encore et encore le pays dans ce livre. C'est un roman âpre, qui met le doigt sur les failles sans fond de notre société. Mais là où "Testament à l'anglaise" dénonçait des monstruosités économiques et financières engageant l'avenir du pays et/ou de la planète, "NUMERO 11"met l'accents sur les fausses croyances, la télé réalité tenant une place de choix par exemple. Cela semble petit et mesquin face aux problèmes de l'autre génération, mais ce sont les hommes et d'ailleurs, souvent les femmes, qui sont ici brisés qui ne sont plus rien. On semble être allé au bout de la destruction. Roman passionnant présenté comme une "satire caustique et paranoïaque" c'est un ouvrage qui est surtout poignant, et captivant.D.D.

Le pays que j'aime (Caterina Bonvicini)

note: 4Le Pays que j'aime Danny - 19 novembre 2016

On suit dans "le pays que j'aime" la vie de 2 enfants qui grandissent et deviennent adultes. Olivia est la fille et riche héritière des Morganti, de Bologne; Valerio est le fils du jardinier. Ils sont inséparables enfants, puis la vie ne cessera de les séparer et de les remettre face à face. Tout les sépare, la caste et la richesse pour Olivia qui ne cesse de se chercher, la pauvreté et l'ambition pour Valerio brillant élève. Cela semble être un roman à l'eau de rose.... Et pourtant non! Car c'est toute l'histoire de l'Italie de 1975 à 2013, la période Berlusconienne donc, qui sert de toile de fond aux destinées d'Olivia et Valerio. Et cette période est sans pitié pour Olivia et Valerio, pour leurs famille, pour toute la société. C'est un roman prenant, alerte, très évocateur et juste sur les façons d'être des humains. On "sent" on "voit" les différents protagonistes grâce au talent de C. Bonvicini.Un moment de lecture plaisant mais grave aussi. C'est une lecture prenante. D.D.

Les petites chaises rouges (Edna O'Brien)

note: 4Les Petites chaises rouges Danny - 22 octobre 2016

Un homme arrive dans un petit village au fin fond de l'Irlande. Vladimir Dragan est Montenégrin, charismatique, guérisseur, sexologue. Immédiatement il fascine et la petite communauté se met en quatre pour qu'il s'installe et vive de son art. Parmi ses clientes, Fidelma, belle et mal mariée, lui succombe. L'histoire est romantique à souhait. Mais Dragan est arrêté au bout de quelque temps. Il s'avère qu'il est un fugitif, recherché pour génocide, massacres, tortures. Edna O'Brien s'est largement inspirée de Radovan Karadzik, et son héros est déféré devant le tribunal international de la Haye comme Karadzik. Certes il y a l'évocation minutieusement juste du procès, mais l'histoire est celle de Fidelma, bouleversée et honteuse, détruite même, qui s'enfuit à Londres loin de tous ceux qui ont vu sa faute immense. Elle devient une ombre, indigente et terrifiée. Jusqu'où ira sa honte? L'écriture de O'Brien est magnifique. Les chapitres courts donnent une lecture dynamique. Ce qu'elle raconte est amusant ou bouleversant, mais sans pathos, avec de la pudeur au contraire. Un seul bémol. Si la première partie ressemble à un conte, lyrique et drôle où "on voit" littéralement les personnages exister, les 2e et 3e parties changent complètement de registre. Cette rupture de ton est le choix de l'auteur, le sujet alors n'aurait pas supporté le ton de fable truculente, mais cela m'a quelque peu gênée. D.D.

Les règles d'usage (Joyce Maynard)

note: 5Les règles d'usage Danny - 16 octobre 2016

Wendy, 13 ans vit à Brooklyn. Ce matin elle n'a pas le temps de dire au revoir à sa maman. C'est le 11 septembre 2001 et sa maman travaille dans "les Tours". Elle ne la reverra jamais. Josh, son beau père et son petit frère de 4 ans, comme elle, sont hébétés , sidérés, dans le déni, l'espoir aussi, puis le chagrin qui semble les anéantir tous les trois. Après le 11 septembre, les " règles d'usage" qui régissent la vie de la famille n'existent plus. Avec une infinie délicatesse mais aussi une justesse incroyable, Joyce Maynard décrit la terrible période que vit Wendy et sa famille. Chacun essaie de faire face mais trop de douleur les accable. Wendy part rejoindre ce père biologique, très absent, qu'elle réclamait, en Californie. Là il ne semble pas y avoir bcp de règles d'usage , et la liberté que lui laisse (?) son père est pour elle un voyage initiatique vers l'acceptation de son deuil et la compréhension de sa vraie place dans sa famille. C'est un roman superbe, bouleversant mais sans aucun pathos. Le cheminement des membres de cette famille vers la résilience, parce que c'est de cela qu'il s'agit, est vraiment rendu avec beaucoup de justesse. On ne lâche pas cet ouvrage avant la fin. On ne le peut pas. D. D.

Les disparus du phare (Peter May)

note: 5Les Disparus du phare Danny - 16 septembre 2016

Peter May retrouve l'île de Lewis, théâtre de sa Trilogie Ecossaise. Un homme échoué sur la plage, se réveille amnésique. Très vite on lui dit son nom, on lui indique sa maison, ses amis se manifestent, mais lui ne se souvient de rien. Que fait il sur cette île sauvage? En s'accrochant à des indices très tenus, il tente de recomposer le puzzle de sa vie. Sa quête l'emmènera dans le passé et la disparition inexpliquée, un siècle plus tôt, de 3 gardiens de phare, mais aussi dans un présent très inquiétant. Un thriller bien écrit, prenant et intéressant car il aborde un sujet très important pour notre monde et hautement d'actualité. Le suspense est angoissant jusqu'au bout. Vous ne lâcherez plus le livre une fois pris en mains. Un régal. D.D.

Oeuvre non trouvée

note: 4Fausse piste Danny - 22 juin 2016

C'est une histoire de privé et d'une enquête spéciale et tortueuse. Milo, privé dans une petite ville du Montana, est quasiment au chômage. L'Etat a voté le divorce par "consentement mutuel, ce qui le prive de son gagne pain. Donc il boit, une assez vieille habitude à laquelle il peut s'adonner désormais à plein temps, car c'est un looser de la plus belle eau! Un jour désespérant, une femme sublime franchit ses portes et lui demande de retrouver son petit frère, jeune homme qui a disparu. Il n'a guère les moyens de refuser d'autant qu'il est subjugué par cette femme à qui il propose la gratuité de l'enquête contre ses nuits.....! Et l'enquête commence. Ce polar assez dense est bien écrit, dans un style serré et évocateur, tant pour les personnages que pour les situations. L'enquête n'est pas celle que l'on croit au début, et James Crumley tient en haleine le lecteur jusqu'au bout. Milo le héros est surtout un humain qui a tout gâché dans sa vie , mais qui se bat pour cette recherche du petit frère. L'humour, assez présent, amène la légèreté nécessaire pour faire passer un bon moment en lisant cette enquête plus tordue que tortueuse finalement. La fin est intéressante. D.D.

Le nom des étoiles (Pete Fromm)

note: 4le nom des étoiles Danny - 23 mai 2016

17 ans après "Indian Creek" , Pete Fromm, marié depuis longtemps, père de deux garçons a abandonné son métier de Ranger contre celui d'écrivain, mais il vit toujours dans le Montana au milieu de cette région à la nature sublime. Quand on lui propose de renouer avec le passé, et d'être en charge pendant un mois de la surveillance de la croissance des poissons, en solitaire, au milieu d'un parc naturel dans les Rocheuses, il accepte. Il rêve d'y emmener son fils de 9 ans, l'autre est trop petit, et de lui faire partager l'intensité de cette expérience extraordinaire qu'est la vie en immersion totale, et dans la durée, dans la nature. Mais il part seul. Et même très préparé et très prêt, tout lui sera aventure : la solitude à laquelle il n'est plus habitué; les distances énormes; les grizzlis énormes aussi! et nombreux! La nature, s'avère encore plus rude que la première fois à laquelle il fait beaucoup référence, et ses réflexions de père et d'homme dans la quarantaine contrebalancent l'appel au passé. . C'est un récit intense et riche de descriptions, jamais ennuyeux, et ses pensées sur son rôle de père et sur lui même sont intéressantes. Ce n'est pas Indian Creek, cela ne peut être, car 20 ans ont passé depuis et Pete Fromm a vieilli. Et c'est justement cela l'intérêt de l'ouvrage. D.D.

Du sang sur la glace n° 2
Soleil de nuit (Jo Nesbo)

note: 5Du sang sur la glace, tome 2 Danny - 23 mai 2016

c'est une histoire de voleur et de voleurs. Homme de main du Pêcheur, trafiquant de drogue d'Oslo, Jan le vole. Il a besoin d' argent pour un traitement expérimental pour sa petite fille gravement malade. Mais c'est déjà trop tard. Et Jon doit rembourser. Or il ne le peut pas. Le Pêcheur met un contrat sur la tête de Jon et envoie ses sbires à sa poursuite. Celui ci se réfugie dans le Finmark, tout au nord de la carte de la Norvège. Une région isolée et habitée par un peuple à la langue et aux habitudes fort différentes de celles d'Oslo. Dans le village où il s'arrête, une femme, veuve depuis peu d'un marin violent et disparu en mer, son fils, malin et espiègle, entrent très vite dans sa vie. Mais peut- il échapper à son destin? Tome 2 "Du sang sur la Glace", Jo Nesbo nous a habitué à des romans noirs, très noirs, longs,âpres et denses. Ici le roman est court, noir, mais aussi truculent et parfois très drôle. L'immersion dans cette région reculée aux m£urs rudes mais aussi enjouées et assez cyniques est réussie. Un petit moment de vrai plaisir .D.D.

Trois jours et une vie (Pierre Lemaitre)

note: 5Trois jours et une vie Danny - 26 avril 2016

Dans un tout autre registre et une toute autre dimension qu"Au revoir là haut", ce roman de Lemaitre montre l'impact d'un acte bref et terrible sur la vie du personnage principal Antoine, mais aussi sur les vies de son entourage au sens large. Remarquablement bien écrit, fluide, Pierre Lemaitre nous fait ressentir toutes les émotions et les désarrois des uns et des autres face au drame et leurs impacts définitif sur la vie des protagonistes. En particulier sur Antoine dont toute la vie sera bouleversée par ces trois jours de drame.? Une question sous tend toute la narration: comment cela va-t-il finir? Vous ne le saurez qu'à la toute fin du livre. Et vous ne le lâcherez pas pour connaître cette fin. Un livre très réussi, mais aussi un beau livre, très humain. Je vous le recommande très vivement. D.D.

Le grand marin (Catherine Poulain)

note: 4Le Grand marin Danny - 25 avril 2016

Lili veut partir. Loin. Elle part, à l'aventure, et arrive pour finir en Alaska. Là où est son but en fait. Une seule activité, la pêche dans cette toute petite ville peuplée essentiellement d'hommes rudes et durs à la souffrance. Elle embarque sur un bateau et trouve en même temps qu'un travail souvent inhumain une petite communauté d'hommes qui, ni ne la maltraitent ni ne lui font aucun cadeau. L'apprentissage est effrayant mais elle s'accroche de toute sa volonté qui est grande. Elle vit comme eux, comme tous ces hommes. Et parmi eux, il y a le Grand Marin.... La langue de C. Poulain est belle parce que simple, incisive, et rapide. Elle reste cantonnée pour l'essentiel à la description détaillée de la vie extraordinairement rude et dangereuse des marins qui pêchent dans les eaux glaciales du Pacifique nord. Les sentiments, sont peu évoqués, comme si il n'y avait pas de place pour eux dans cet univers. Elle est de toute façon trop épuisée pour en éprouver. Mais parmi ses compagnons il y a un marin énigmatique, qu'elle surnomme en son for intérieur "le Grand Marin" car c'est un marin exceptionnel. Ils se trouvent, sont ensemble, mais est- ce un amour ou une simple camaraderie très "physique"? A vous de le découvrir.DD

Oeuvre non trouvée

note: 5SUBURRA Danny - 25 avril 2016

Un roman policier? une énième histoire de gendarmes et de voleurs, même si ici, puisque nous sommes à Rome, il s'agit de carabinieri et de mafiosi? Non, c'est un roman magistral qui fait le tour de tous les problèmes, malversations, combines, " affaires frauduleuses", corruption, etc.... que connaît l'Italie d'aujourd'hui. Deux hommes, 2 institutions s'opposent: les mafias fédérées par "Samouraï" qui veut bétonner le littoral entre Ostie et Rome, opération qui sera le couronnement de son empire criminel, et Marco Malatesta un ex -disciple, alors fasciste comme lui l'était, mais aujourd'hui à la tête d'une unité d'élite des carabiniers. C'est la lutte à mort entre ces 2 hommes et ce qu'ils représentent en Italie. Le livre est passionnant, de brefs chapitres donnent un rythme très rapide à l'ouvrage, et l'assurance d'une documentation de tout premier ordre donne aussi à Suburra un poids considérable. En effet, les auteurs, d'une part Bonini qui est journaliste d'investigation et grand connaisseur des dessous politiques et policiers italiens, et d'autre part De Cataldo, juge au tribunal de Rome, déjà auteur du non moins magistral " Romanzo Criminale", sont très bien informés. A eux deux, ils nous offrent un moment de lecture terrifiante et haletante. Ne passez pas à côté!DD

Ils savent tout de vous (Iain Levison)

note: 5Ils savent tout de vous Danny - 25 avril 2016

Un excellent petit roman policier qui joue sur les préoccupations scientifiques (ou pseudo scientifiques) du moment. Il y a de multiples moyens de surveiller les citoyens où qu'ils soient . La télépathie est la base de cet ouvrage. Il en dit assez pour nous intriguer, ou nous interpeler et nous faire, comme l'auteur, réfléchir sur le présent possible, très probable et l'avenir, de notre monde. Le tout est en prime très bien écrit et ficelé. Ne boudez pas votre plaisir. D.D.

La nuit du bûcher (Sándor Márai)

note: 4La Nuit du bûcher Danny - 24 février 2016

1598 en Italie. L'Inquisition sévit contre les hérétiques. Un jeune moine espagnol vient à Rome prendre des leçons d'Inquisition, l'Italie étant réputée plus efficace que l'Espagne. Il rencontre tous les participants, du Pape au plus humble geôlier de cette entreprise, et ainsi pénètre les secrets d'une organisation redoutable d'efficacité. A la veille de son départ vers l'Espagne, il a l'honneur d'assister à la dernière nuit d'un hérétique qui va partir pour le bûcher. C'est Giordano Bruno. Celui ci est exhorté par les inquisiteurs jusqu'au bûcher à se repentir. Cette soirée ultime décidera de l' avenir du jeune moine. Ce roman est très bien écrit et traduit, et se lit d'une traite malgré l'aridité du sujet. On voit dans le moindre détail le fonctionnement d'un système terrifiant pour qui personne n'est innocent. Ecrit en 1974, alors que la Guerre Froide sévit, Sandor Marai trace, en se basant sur des archives très peu connues car secrètes de l'Eglise, avec minutie, les rouages du système terrifiant qu'est l'Inquisition. Mais il faut voir au delà: c'est la description du système totalitaire soviétique et de tous les systèmes totalitaires. Livre pertinent en 1974, date de sa publication, il reste encore d'actualité.

Après minuit (Irmgard Keun)

note: 4Après minuit Danny - 24 février 2016

1936, le pouvoir d'Hitler est solidement établi en Allemagne et la population est prise dans les filets de la propagande nazie. A Francfort, une foule en délire accueille le Führer. Suzanne qui a 18 ans, s'amuse, rit, chante, bref vit pleinement une jeunesse heureuse et insouciante : un monde nouveau semble s'ouvrir pour elle et ses semblables. Mais les fêlures sont là: police omniprésente, juifs progressivement mais violement exclus, ouvriers au passé seulement socialiste qui courbent l'échine, ce monde nouveau est certes fascinant mais il lui fait peur. De plus en plus peur. A travers les yeux de cette femme encore enfant, c'est le système nazi, totalitaire qui est décrit. La force de ce livre c'est l'humour très présent qui souligne d'autant plus l'horreur de ce qui est en train de se mettre en place. Un livre fort sous des apparences trompeuses. D.D.

Les aventures de Cluny Brown (Margery Sharp)

note: 4Les Aventures de Cluny Brown Danny - 27 janvier 2016

Charmant roman, qui rappelle le ton de ceux de Barbara Pym( presbytère en moins), qui met en scène une jeune fille "qui ne sait pas rester à sa place". Grande et bien bâtie, donc ne correspondant pas aux critères de beauté des années 30,elle suit son chemin sans beaucoup tenir compte de son entourage, avec une bonne humeur et une santé réjouissantes. Une délicieuse friandise littéraire. D.D.

Juste avant l'oubli (Alice Zeniter)

note: 4Juste avant l'Oubli Danny - 27 janvier 2016

Une petite île quasi déserte des Nouvelles Hébrides, au nord de l'Ecosse, Mirhalay. Cette île gardée par Jock le gardien "taciturne" , a abrité les dernières années de Galwin Donnell maitre du polar, qui a disparu sans qu'on ne retrouve jamais son corps. Tous les trois ans une poignée de spécialistes de Donnell se réunissent pour commenter l'oeuvre de l'écrivain disparu. Cette année, la réunion est organisée par Emilie qui fait une thèse sur l'écrivain, et son compagnon, Franck, infirmier, part la rejoindre. Seul parmi les autres, il n'est pas concerné ni par le passé ni par l'actualité de G. Donnell. Le couple semble solide, mais cette île étrange que Franck va parcourir avec Jock, va changer la perception des rapports de ce couple....Et Donnell est au centre de tout.... L'histoire est simple, c'est la fin d'un amour de 7 ans, en quelques jours, dans ce huis clos qu'est l'île cernée par l'océan. L'écriture est limpide, précise et imagée et vient soutenir une tension constante. Alice Zeniter mêle de façon remarquable des extraits de l'£uvre de Donnell, à des articles écrits sur l'auteur des polars , même ceux de Wikipédia, au déroulement imperceptible mais rapide et irrémédiable fin du couple ,celui d' Emilie et de Franck. Un livre fort et subtil qu'on lit d'une traite. Un conseil: lisez les remerciements!DD

Les délices de Turquie (Jan Wolkers)

note: 3Les délices de Turquie de Jan Wolkers Danny - 6 janvier 2016

Voilà un livre choc qui peut terriblement déranger. Récit d'une passion amoureuse très physique, les mots sont crus et violents, souvent. Mais il n'y a pas que cela. C'est aussi un livre sur la tendresse, l'énergie vitale.L' un se brûlera, gâchera sa vie à aimer l'autre. L'autre ....? Vous allez le découvrir...! Ecrit dans les années 60, c'est un livre sans concessions sur la société coincée et pudibonde des Pays Bas protestants,et plus particulièrement d'Amsterdam.Ce carcan , l'auteur, Wolkers, contribuera par ses provocations, qui lui feront une réputation sulfureuse, à le faire sauter. Le livre mérite qu'on fasse abstraction des mots et des images qu'ils évoquent notamment au début, pour aller jusqu'au bout. D.D

Oeuvre non trouvée

note: 4L'homme au complet gris Danny - 6 janvier 2016

Les années 50. New York. Un trentenaire qui a fait la seconde guerre mondiale en Europe, en Italie en particulier. Marié, 2 enfants il cherche et trouve un nouvel emploi à Manhattan qui peut le propulser très haut et apporter un grand confort à sa famille qu'il aime profondément. Mais c'est un homme qui a aussi un secret, quelque chose de son passé qui ressurgit et s'impose de plus en plus à lui, parallèlement à sa progression dans une carrière dévorante en temps au détriment de sa famille. Les dilemmes sont là: assumer ou pas son passé et ses conséquences d'une part, et sacrifier sa vie de famille pour plus, beaucoup plus d'argent d'autre part. La série "Mad Men" est inspirée de ce livre écrit au début des années 50. Je n'ai jamais accroché à Mad Men, mais j'ai beaucoup aimé ce livre. D.D.

Le printemps des barbares (Jonas Lüscher)

note: 2Le Printemps des barbares Danny - 26 octobre 2015

Un ouvrage court, un conte, mais là, peu de bonnes fées. Plutôt un monde de requins qui s'entredévorent, de "barbares". Le "héros", Preising, est un homme d'un certain âge qui goute l'élégance discrète et un luxe de bon aloi, sans ostentation. Homme d'affaires avisé, il séjourne en Tunisie, dans un palace au milieu de désert. Hélas pour lui, il doit côtoyer pendant ce séjour les participants anglais à un mariage, bruyants et vulgaires car ce sont des traders de la city très vite enrichis. Ils ont vite oublié sous l'effet de l'alcool et la force de leur argent, éducation et sens des convenances. Mais au cours de ce séjour, une chose énorme survient: L'Angleterre a sombré, faisant faillite. C'es la panique, et les golden boys perdent toute retenue leur folie destructrice les faisant ressembler à des "barbares". Bien sûr, il s'agit d'une satire et les exactions et autres gestes de folie, excessifs, le montrent. Mais justement, si les actes sont "barbares" c'est finalement une outrance bien tiède qui est décrite. Et le personnage principal, qui n'a rien de sympathique en lui, sauf qu'il est toujours tiré à 4 épingles, apparaît comme surimposé à l'histoire alors qu'il en est, soi disant, le moteur . On est assez loin de la satire jubilatoire promise. D.D.

La facture (Jonas Karlsson)

note: 3La Facture : Jonas Karlsson. Danny - 18 septembre 2015

L'Administration envoie à un modeste employé suédois, une facture de 600 000 euros ( 5.700 000 couronnes), le montant d'une nouvelle taxe. Il croit à une erreur, puis une arnaque, mais c'est sérieux: il va être taxé sur son bonheur! en effet, esseulé , célibataire, sans famille et amis, petit employé, des petits riens suffisent à le réjouir et donc pour ce nouvel impôt sur le bonheur personnel,il est un contribuable de choix. Que faire devant une telle somme si incongrue? Le héros va se débattre, essayer des stratagèmes, et au milieu de son incompréhension trouvera-t-il une oreille attentive...et une solution? Voici un ouvrage court et bien troussé.Il y a un mélange des genres, du cocasse à la Pasilina, du sombre(tous les suédois!), de la réflexion philosophique, l'air du temps aussi, ce qui est certainement voulu par Larsson, pour souligner l'absurdité de la situation .Le héros reste grave et sérieux en toutes circonstances et c'est du contraste entre lui et la situation que naît lÆintérêt. Ou pas. On peut aussi être désarçonné par cela.Mais un petit livre agréable au final.

Trois fois dès l'aube (Alessandro Baricco)

note: 3Trois fois dès l'aube, Alessandro Baricco Danny - 9 avril 2015

Deux personnages se rencontrent à 3 reprises. .... Trois histoires nocturnes qui se concluent à l'aube et qui marquent, chacune à sa façon, un nouveau départ. Les trois très courtes histoires de Baricco décrivent 3 hommes et trois femmes dans des moments clé de leur existence. 3 hommes et trois femmes? On découvre dans la dernière nouvelle, qu'ils ne sont pas trois. Ce petit livre se lit d'une traite, car fort court, mais aussi à cause de l'écriture simple et forte à la fois. Les personnages sont complexes et Alessandro Baricco sait rendre cela attractif et efficace en peu de mots. Un court moment de plaisir qu'on aurait peut être aimé prolonger plus longtemps. D.D.

Ester ou La passion pure (Lena Andersson)

note: 3Ester ou la passion pure Danny - 9 avril 2015

Une passion amoureuse dévorante peut elle faire perdre toute raison, toute lucidité à une femme intelligente, intellectuelle et brillante? C'est ce qui arrive à Esther journaliste trentenaire après sa rencontre avec Hugo, un artiste célèbre. Elle plonge dans cette passion,aveugle à tout autre chose qu'à sa passion dévorante. Pourtant ses amies essayent de lui ouvrir les yeux, tentent de freiner cet emballement totalement irrationnel. Pour elle, elle est évidemment aimée et désirée, autant que lui l'est par elle. La réalité est en fait tout autre, et la description minutieuse des situations dans lesquelles elle se met, et qui vont la faire de plus en plus souffrir nous fait souffrir aussi, mais sans éprouver pour elle de la compassion ni même de l'empathie, tellement elle est à côté de tout bon sens. La passion totale et destructrice minutieusement décrite, et commentée, l'analyse quasi psychanalytique des personnages et de leurs attitudes, sont remarquables écrites, mais là où on devrait brûler à l'unisson d'Esther on reste froid devant tant de déraison.

La traversée amoureuse (Vita Sackville-West)

note: 2La traversée amoureuse Danny - 22 mars 2015

L'histoire: Une croisière autour du monde. Un homme de 50 ans, journaliste, à qui il reste peu de mois à vivre. Une femme, Laura jeune veuve; ils se connaissent et voyagent sur le même paquebot, mais pas ensemble. L'homme est follement amoureux d'elle. Et elle? Bientôt il devient très jaloux d'un colonel qui tourne autour de Laura. Que veut- il à Laura? s'il dit à Laura combien il l'aime, quelle sera sa réaction? Mon avis: Dans ce très court roman, écrit il y a plus de 50 ans, on assiste à une joute verbale entre les différents protagonistes. Le bateau de croisière favorise le huis clos et l'exaspération des sentiments. Pour des Anglais, exprimer les sentiments n'est pas naturel, voire convenable. On est à fleuret moucheté, dans les non dits et les phrases inachevées et les questions à demi posées. Une certaine lenteur et une langue un désuète, même pour l'époque font qu'on se presse pour finir rapidement l'ouvrage. D.D

Kentucky song (Holly Goddard Jones)

note: 5Kentucky Song Danny - 22 mars 2015

L'histoire: Ronnie Eastman, 40 ans, qui aime les hommes et faire la fête disparaît dans une petite ville du Kentucky. Seule sa s£ur cadette Suzanne, qui est son contraire s'en inquiète; dans cette ville, certaines personnes sans lien apparent avec Ronnie sont évoqués. Leur histoire à chacun montrera sous des apparences lisses, que ce sont des personnages remplis de peurs et de préjugés. Mais sont ils sans liens avec Ronnie? Peu à peu va se révéler leur vérité, leurs failles, qu'ils découvrent eux même progressivement. Mon avis: Voici un livre qu'on ne peut quitter! Les personnages existent avec tant de réalisme, tant de nuances et leur évolution est tellement bien décrite et maîtrisée qu'on est tenu en haleine de bout en bout. Ce n'est pas qu'un roman noir et/ou un thriller psychologique, mais une étude sociologique minutieuse de la société d'une petite ville américaine, ville sans avenir, et société engluée. L'écriture est dense, précise, évocatrice. Un vrai et grand plaisir de lecture.Ne vous en privez pas. D.D.

Autour du monde (Laurent Mauvignier)

note: 5AUTOUR DU MONDE Danny - 23 février 2015

Que faisiez vous le 11 mars 2011? Ce jour là un tremblement de terre au Japon provoque un tsunami et affecte en particulier la région de Fukushima et sa centrale nucléaire. Le monde entier vit lÆévénement instantanément, qu'il soit concerné ou pas. C'est sur cette idée que l'auteur met en scène 14 personnages qui assistent ou pas, qui sont concernés ou pas par lÆévénement, qu'ils soient à Moscou, à Paris, en Thaïlande, à Jérusalem, à Dubaï, à Rome...etc.L'auteur raconte quelques tranches de vie dans le monde ce jour là, des vies de gens normaux, ordinaires. C'est un livre choral, constitué de nouvelles qui sÆenchaînent sans qu'on le remarque, simplement séparées les unes des autres par une petite photo en noir et blanc. Souvent ce sont des récits bouleversants, poignants ou déjantés. Livre très dense, dans une langue superbe parce que très maîtrisée, qui montre qu'à l'heure de la "globalisation" les gens sont très isolés et très seuls. La dernière nouvelle qui fait parler une petite japonaise de 8 ans en visite à Paris avec ses parents ce jour là et les jours suivants conclue avec beaucoup de finesse un livre magnifique et lourd de sens. D.D.

Marina Bellezza (Silvia Avallone)

note: 3Marina Bellezza Danny - 12 décembre 2014

Livre très ancré dans un espace précis, celui des vallées de l'industrie textile du Nord Piemont, aujourd'hui à l'abandon, sans avenir, et un contexte qui est celui de l'Italie d'aujourd'hui, écartelée entre des traditions ancestrales en perdition, et l'Italie moderne avide d'argent, de gloire , de clinquant, terriblement Berlusconienne. 2 jeunes gens incarnent cette dualité. Andréa fils d'une famille de notables provinciaux, parents indifférents et même haineux, looser, qui ne rêve que d'une chose: s'installer dans la maison de son grand-père, ancienne ferme à l'abandon, et renouer avec une vie simple et ancestrale. Il est amoureux de Marina Bellezza, sa voisine, passionnément amoureux. Celle-ci ne rêve que de fuir cette vallée et pour cela elle compte sur son talent de chanteuse, à la télévision Berlusconienne. Lui est quelqu'un de tourmenté et droit. Elle, est une insupportable pimbêche narcissique, avide, égoïste, (difficile de l'apprécier). Ils se déchirent, s'aiment se quittent, se retrouvent etc... L'écriture de Sylvia Avallone décrit très bien les paysages, les lieux, les personnages. Le style est ample et précis à la fois, ce qui est rare, et elle rend attachants ses protagonistes, ce qui montre son talent car Marina" Beauté", en français, peine à l'être. Devant ce gros livre, on peut être hésitant, mais il se lit bien grâce au talent d'écriture de l'auteur et aux très nombreux rebondissements.

Le retour (Robert Goddard)

note: 4LE RETOUR de Robert Goddard Danny - 14 octobre 2014

4e opus de l'anglais Robert Goddard auteur des années 90, tombé dans l'oubli et aujourd'hui republié avec un grand succès. Sur une trame chez lui habituelle: un contexte temporel et spatial précis, ici l'Angleterre des années 81 et de 1947, un milieu social défini, dans ce roman deux familles liées, l'une très bourgeoise, l'autre très pauvre, et une intrigue, un mystère du passé, 1947, qui a des répercussions jusqu'en 1981. Chris Napier, qui a fait sa vie très éloigné de sa famille de Cornouailles, est de retour pour un mariage en 1981 dans la demeure familiale. Lors de la fête , Nick Lanyon ,avec qui il a été très ami dans son enfance, fait irruption et lui dit que son père a été injustement exécuté en 1947 pour avoir assassiné le grand oncle richissime de Nick. Le lendemain, Nick est retrouvé pendu. Fidélité pour un passé d'amitié et aussi répulsion pour sa famille qui le considère comme un looser, Chris va remonter le temps et chercher des preuves, dans un premier temps, que c'est bien le père de son ami qui a tué le riche Grand Oncle. Mais sa quête va révéler des secrets de famille dangereux pour lui et pour d'autres. Découvertes, manipulations rebondissements inattendus nous tiennent en haleine, et prouvent une fois encore qu'il ne faut pas avoir de cadavres dans les placards sous peine de faire payer le prix fort aux enfants. Un bon suspense.

Transatlantic (Colum McCann)

note: 5Transatlantic Danny - 3 juin 2014

Un livre magnifique, très construit, très abouti, écriture limpide et dense pourtant, tel est cet ouvrage. 3 périodes entre 1845 et 2011, pour montrer l'importance et la permanence des liens entre l'Irlande et les USA. Certains des protagonistes sont réels, d'autres imaginaires, mais tous sont de formidables personnages de roman, dont les destins sont liés à travers le temps, de l'esclave noir, aux pionniers de l'aviation, et pour finir, un négociateur US pour la paix en Irlande. Le début du 2e chapitre déroute, mais il faut se laisser porter. Tout est cohérent, et se révèle progressivement. Un coup de coeur inégalé cette année. D.D.

L'inspecteur Harry Hole
Police (Jo Nesbo)

note: 5POLICE JO NESBO Danny - 3 juin 2014

Un 10e Opus de Jo Nesbo, le norvégien, d'excellente facture, plus travaillé peut être que les précédents. Qui tue des policiers? Qui procède à ces meurtres là où d'autres crimes non résolus ont eu lieu? Et pourquoi? Parmi les enquêteurs, tous n'ont pas les mêmes motivations et certains ont-ils vraiment intérêt à la découverte de la vérité? On retrouve les personnages complexes de l'équipe de Harry Hole, mais lui manque terriblement! Différentes pistes s'ouvrent successivement, explorées minutieusement, et le suspense est très fort, mais.....! Je ne peux en dire plus au risque de trop en dévoiler , mais j'ai vraiment pris ce livre et je ne l'ai plus lâché jusqu'à la fin, parfaite! Vous ne serez pas déçu(e). D.D.

Les plus belles mains de Delhi (Mikael Bergstrand)

note: 0Les plus belles mains de Delhi Danny - 2 juin 2014

Goran Borg est un suédois, looser, qui a 50 ans n'a plus de travail, de femme, et peu très peu de relations avec ses enfants adultes. Quand son meilleur ami, accompagnateur de voyage, lui propose de venir avec lui en Inde, il n'a rien à perdre. Le voilà embarqué et très vite immergé dans Delhi dans une famille indienne traditionaliste. Et là, il va découvrir un autre monde, qui lui fait d'abord horreur, puis le fascine .... et se découvrir et pourquoi pas devenir enfin adulte? Et il rencontre une femme, indienne, sublime, qui a les plus belles mains de Delhi, et qui est mariée.... Un livre délicieux, bien écrit, au style alerte, qui envisage la vie en Inde sous ses multiples et violemment contrastés aspects. Un héros attachant, un ami inoxydable et des femmes remarquables, cela pourrait être mièvre, ça ne l'est pas. Un bon moment de lecture. D.D.

Solo (William Boyd)

note: 4Solo de William Boyd . Ed. Seuil Danny - 15 avril 2014

Le nouveau James Bond! Ceux qui aiment le très célèbre agent secret britannique seront totalement comblés. Tous les codes mis en place par Ian Flemming sont respectés, à commencer l'époque, 1969, l'âge du héro 45 ans, toujours élégant (à la limite du dandy) et d'une efficacité implacable. De l'Afrique, en passant par l'Angleterre puis les USA, il pourchasse de très méchants personnages, qu'il va bien sûr vaincre. Je ne dévoile rien, n'est-il pas toujours vainqueur? Un bon livre du genre. Mais l'excellente surprise vient de l'auteur, W. Boyd, célébrissime écrivain britannique qui n'avait nullement besoin de Bond pour vendre des livres. Mais il a relevé le défi avec brio, et l'histoire est très bien construite, documentée, écrite, dans un style précis et très évocateur : normal, il connaît très bien l'Afrique, et les lieux de pouvoir en GB et aux USA. Il prend son temps pour camper une scène, des personnages complexes, et des retournements inattendus. Le suspense est là, jusqu'au bout, et le livre, une fois entamé, ne se lâche pas. Une belle réussite. Lisez-le, vous ne serez pas déçus, ni par Bond, ni surtout par William Boyd

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